L'histoire :
Glen, un homme sans histoire, prend la route par une nuit pluvieuse. Mais le bitume humide a raison de ses pneus et sa voiture est immobilisée. Sans réseau et sans roue de secours, Glen est forcé de trouver une assistance non loin de son véhicule. C’est alors qu’il reçoit l’aide providentielle d’Art et de sa femme Cyndi. Les deux bonnes âmes résident dans une petite maison dissimulée aux yeux de tous au cœur de la forêt. Après avoir passé une soirée pleine de non-dits et de situations pour le moins embarrassantes, dues notamment à l’état dépressif d’Art, Glenn entame une discussion pour le moins étrange avec son hôte. Ce dernier lui propose de coucher avec son épouse, sans contrepartie. Bien au contraire, cela semble enchanter Art. Après une nuit mouvementée et riche en situations improbables pour Glenn, notre protagoniste tombe par mégarde sur une conversation inquiétantes. Alarmé et effrayé, il prend la poudre d’escampette et rentre chez lui en faisant du stop. Mais quelques mois après cette folle nuit, Art sonne à la porte du pauvre Glenn avec une annonce tombant sur lui comme un coup de massue : Cyndi est enceinte ! Avec cette révélation, commence une histoire riche en rebondissements, à la lisière de la folie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Ultrasons, Conor Stechschulte côtoie les plus grands, se tenant quelque part entre David Lynch et David Cronenberg. Les influences sont nombreuses et utilisées de manière intelligente, sournoise et maligne. Le premier chapitre flirt avec l’ambiance délicieusement paranoïde et inquiétante des saisons de Twin Peaks de Lynch, alors que la suite du roman graphique va tranquillement s’inspirer de l’histoire du personnage de Cameron de Scanners de Cronenberg, mais aussi d’une manière un peu détournée de Chromosome 3. De manière consciente, ou non, l’écriture de Stechschulte peut également faire écho à la sphère du jeu vidéo avec la société Murkoff des chefs d'œuvre que sont les Outlast. Sur le plan scénaristique, c’est un parfait melting-pot d’influences qui redouble d’ingéniosité lors de la construction de ses personnages, de ses situations, mais aussi de ses twists. Ultrasons nous fait douter, jusqu’à ne plus en pouvoir d’attendre la révélation. Ce pourquoi nos protagonistes sont dans telle ou telle situation. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que l’attente en vaut largement la peine. Graphiquement, l’artiste américain use de subterfuges stylistiques pour nous présenter les personnages mais surtout les temporalités du récit. Les différents épisodes psychotiques dont sont victimes nos héros de fortunes sont également traités avec trait « absent » et vierge de toute couleur et détail. Accroissant de fait la spirale d’aliénation et créant une prison psychique pour nos protagonistes. Conor Stechschulte livre un superbe roman graphique qui ne laissera pas son lectorat indemne. Le lecteur se situe constamment sur les nerfs d’en apprendre plus sur la suite des événements, dévorant d’un œil affûté les différentes solutions graphiques utilisées par l’auteur et happé par un scénario résolument original et bluffant.