L'histoire :
La famille Winters s'est spécialisée dans la chimie. Un secteur particulièrement lucratif, surtout quand il s'agit de produire une drogue aux effets incomparables. Les Winters ont en effet mis au point «La Cendre», une substance fabriquée avec des restes de cadavres humains, qui permet à celui qui la consomme de vivre des expériences en lien avec celles vécues par les personnes défuntes dont la matière a été recyclée en dope. Vous rêvez d'avoir les sensations qu'éprouvent les rock stars face à des milliers de personnes ? La Cendre vous le permet. Les Winters dépouillent donc les cimetières autour de la Nouvelle Orléans, en sélectionnant des profils, quand, semaine après semaine, la demande augmente. Mais on ne créé pas un marché des stups sans avoir à faire avec la mafia et rapidement, cartels et boss New-yorkais débarquent en Louisiane. Les pourparlers virent court et désormais, c'est une véritable guerre qui est déclenchée pour s'approprier la formule et faire disparaître toute la famille Winters. La police est sur les dents, car en plus, la mafia New-yorkaise a introduit une drogue concurrente, mais dont la formule instable a pour conséquence de mutiler irrémédiablement le consommateur, quand il n'en meurt pas d'overdose...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est bien connu, les meilleures choses ont une fin et on peut déjà reconnaître un mérite à Cullen Bunn, c'est qu'il n'a pas cherché à faire une saga interminable. L'affaire est donc rondement menée, en 12 rounds où ça cogne façon poids-lourds quand ce dernier volume commence au chapitre 9. Alors on ne va pas tout dévoiler mais vous ne serez pas surpris si on vous dit qu'ici, il ne faut pas s'attendre à la sempiternelle «happy end à l'américaine». Rien de plus logique puisque le scénariste surfe en permanence entre des thèmes fictifs, comme cette dope nécro-hallucinante et d'autres, nettement plus réalistes comme ceux de la souffrance morale liée à l'addiction ou encore les conflits familiaux. Le tomber de rideau s'avère ainsi dramatique, les bourreaux deviennent ici victimes et nul n'est épargné dans cette vendetta qui vire à la boucherie. Pourtant, les dialogues tiennent le choc et l'auteur évite habilement la surenchère gnan-gnan, arrivant même à faire de purs dealers sans état d'âme des personnages parfois attachants. Bone Parish a donc pour lui la noirceur et la densité que lui conserve son «format court» pour une série. Partant d'un postulat inquiétant, elle prend assez rapidement l'allure d'un polar teinté de fantastique, dont la violence vous prend aux tripes. Jonas Scharf, avec ses planches dynamiques et ses portraits expressifs, ainsi que les couleurs chatoyantes d'Alex Guimaraes permettent aussi au lecteur de ne jamais décrocher, tel un de ces junkies devenu accroc. Bone Parish a donc tout d'un polar noir (très noir), avec une touche d'originalité. En tout cas on finit sa lecture bien dosé !