L'histoire :
Ce jour-là, la tenancière du bordel parisien de luxe le One Two Two, éconduit une jolie bourgeoise désireuse de s'encanailler : Madame Georgette tient à ce que ses filles restent de vraies salopes... et elle redoute les imprévues et puissantes relations ! A 18 heures précises, s'ouvrent les portes du bordel. Le premier client, Monsieur Codeaux, est passionné de courses épiques : il est donc normal qu'il trouve son plaisir en étant monté, fouetté et éperonné par une spécialiste de la chose sadomasochiste, sur fond de hennissements. Plus tard, un autre client avoue à Madame Georgette son goût pour les éphèbes. Une fois encore, la tenancière a la réponse idoine pour combler les désirs du bourgeois et tenir le One Two Two à la hauteur de sa réputation. Et qu'un client ivre vienne à manquer de courtoisie envers les filles ou à l'atmosphère de haut standing de la maison, et Bob, un colosse noir, intervient. Néanmoins, les compétences de Bob s'arrêtent bien à sa musculature : a contrario de l'image d'Epinal, il est pourvu d'un sexe ridiculement petit...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce Casino là, n'imaginez pas suivre une partie de poker ou de roulette : en Italien, un « Casino » est un bordel. Les historiettes explicitement érotiques concoctées par le scénariste Rubino Ventura n'ont pas d'autre ambition qu'un catalogue de diverses perversions sexuelles au sein d'un lupanar de luxe, tenu dans le Paris bourgeois de la belle époque. Le schéma narratif est donc récurrent – un client demande à satisfaire un fantasme et la tenancière, Madame Georgette, tient à la bonne réputation de sa maison – mais il ne se départit pas d'un humour léger, de bon aloi. Heureusement, car dans cette édition non censurée et respectueuse des versions originales, les gentlemen habitués du One-Two-Two demandent ni plus ni moins à dépuceler une vierge, à se faire pisser dessus, à sodomiser un dieu grec ou à forniquer tout en emplissant leur narines d'une douce odeur de flatulences (poête poête...). Aussi scabreuses soient-elles, les pratiques dépeintes sont néanmoins mise en image de la plus élégante des manières par le dessinateur Leone Frollo, reconnu par ses pairs comme l'un des maîtres de la BD érotique (aux côtés de Crepax ou de Manara). A l'instar des clients de la maison close, ses encrages réalistes (en noir et blanc) sont de haut standing, qu'il s'agisse de mettre en relief l'anatomie des professionnelles dénudées ou habillées en tenues d'époque. Ici, érotique rime avec chic.
