L'histoire :
Jedidah Jenkins a provoqué une sacrée pagaille à Freetown. Il a mis au point un traitement révolutionnaire de remplacement d'organes ! Mais sa méthode est controversée. Il utilise en effet un germe d'origine végétale, qui s'implante et permet au patient de guérir miraculeusement. La spécificité de ce germe, c'est qu'il semble ne s'activer que si c'est Jed' qui le manipule, un peu comme s'il n'obéissait qu'à lui. Mais quelque chose cloche : des dizaines de patients reviennent désormais en ville. Ils ont observé un changement soudain dans leur métabolisme : leur corps a commencé à produire de nouveaux organes. Manifestement, leurs mutations sont le résultat des traits latents de l'ADN de plante greffé à leurs organes amis. On ne sait pas exactement ce qui a déclenché ces réactions, sans parler de la raison qui pousse tous les transplantés à se rendre au même moment à Freetown. Pour aggraver les choses, des témoignages au sujet d'un cochon contaminé découvert lors d'une fête de la boucherie locale n'ont fait qu’accroitre les craintes que le germe Jenkins, longtemps confiné, ait pu fuiter dans l'écosystème local... Zeke, le fils de Jed', compte lui tirer les vers du nez, mais son paternel est un taiseux...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les lecteurs de comics se souviennent de Tony Chu, le détective cannibale, dont les aventures se sont avérées particulièrement savoureuses. Rob Guillory y a fait ses armes aux pinceaux et c'est avec Image Comics qu'il se taille désormais un costard d'auteur complet. Le tome précédent installait la série et jouait essentiellement sur un côté loufoque, mais désormais, l'ensemble monte brutalement d'un ton. Cette histoire de transplantation à base d'un gêne végétal ne se contente pas de jouer sur le fantastique, avec la tension qui provient d'une catastrophe sanitaire faisant curieusement écho à l'actualité du COVID-19. Non, Rob Guillory aborde aussi de manière très intéressante les conflits de famille et leurs secrets, à travers la relation particulièrement tendue entre le vieux Jed' et son fils Ezekiel. D'autre part, sa narration s'avère habile : le mystère plane toujours, renforcé par quelques flashbacks utilisés avec parcimonie et les enjeux pour les personnages qui prennent de la logique dans le même temps. Les rebondissements sont nombreux et impriment un rythme soutenu, avec quelques traits d'humour qui amènent de salutaires respirations. Coté dessin, on connaît les qualités de l'auteur : son trait anguleux, presque cartoony et son sens de la dynamique sont toujours aussi agréables et le découpage de ses planches est d'une lisibilité sans faille. Vous l'avez compris, Farmhand nous séduit, car derrières ses airs bien délirants, ce tome 2 est tout simplement emballant.
