L'histoire :
Ligne 11, dans le métro parisien, une incivilité du quotidien dérape. Un homme parlant trop fort au téléphone, un autre ayant ses pieds sur la banquette de la rame empêchant aux autres personnes de s’asseoir, une remarque, un racket et un homme acculé au fond de son siège subissant cette violence gratuite. En parallèle, sur le campus de Jussieu au centre de recherche sur l’hypermonde, le professeur Deszniak clôt son séminaire. Une de ses étudiantes le retient pour lui montrer une coupure d’un quotidien bruxellois montrant le dirigeable noir, objet fantôme apparu pendant la grande guerre, survolant le palais de justice en juillet 1922. Les professeurs Deszniak et Ulm explorent l’hypermonde. C’est-à-dire qu’ils recherchent et compilent des informations sur certains êtres extraordinaires qui vivaient en Europe, il y a un siècle, et dont le souvenir s’est perdu. Au gré du hasard, en retournant à son bureau, Nelly Malherbe de la préfecture se présente à lui pour discuter de sa demande de consultation des archives de la ville. Demande qu’il a faite il y a cinq ans. Pour Ulm, il n’y a aucune place au hasard avec les évènements de la journée. L’homme qui s’est fait agresser dans le métro s’est transformé en rat. Et il a broyé le crane de l’un de ses agresseurs devant les usagers du métro médusés tentant de filmer la scène avec leurs smartphones. Le plus inquiétant est que le roi des rats s’est enfoncé dans le boyau du tunnel en criant que ce qui vient sera encore pire. Car le vrai maître de la terreur arrive...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si vous n’êtes pas fan de science-fiction, cet album pourra très certainement vous initier ou vous réconcilier avec le genre. Si vous êtes fan du genre, vous n’avez certainement pas dû attendre cette chronique pour l'acheter chez votre libraire préféré. Serge Lehman, le scénariste, réussit le coup de maître de tenir en haleine le lecteur sur pas moins de 240 planches. L’ouvrage est découpé en huit chapitres d’environ 30 planches chacune. Dans la postface, l’auteur nous indique que les éditions Delcourt souhaitaient se laisser la possibilité de publier chaque chapitre sous forme de comics indépendant. La pandémie, avec son avalanche de reports et d’annulations, a secoué le monde de l’édition et l’album sort finalement sous format d'intégrale. Serge Lehman prend un malin plaisir de nous faire découvrir l’hypermonde avec, comme narrateur principal, le professeur Deszniak dit Dex. Avec ses nombreuses recherches et ses écrits sur l’hypermonde et ses créatures extraordinaires, il est le plus a même de réunir une équipe capable de combattre, entre autres, le roi des rats. L’équipe se compose de Béatrice Ortega dit Félifax, Nelly Malherbe descendante de Palmyre, Jean Legris, l’Homme truqué ou Rigg pour les anglophones, et le Soldat inconnu, le lieutenant de Séverac. Le récit est très bien mené avec de nombreux rebondissements et des réponses données au fur et à mesure de l’avancement de l’intrigue. L’auteur balaie un large spectre des problématiques sociales actuelles. Serge Lehman réussit aussi à rendre les personnages principaux attachants avec un Rigg à la pointe de la technologie malgré ses 120 ans ; Béatrice Ortega combat le patriarcat malgré un langage de charretier ; Nelly Malherbe ne connait pas encore ses super pouvoirs ; et le soldat inconnu refait surface lors de chaque conflit. Les dialogues sont forts avec une pointe d’humour et du punch. L’auteur se permet un clin d’œil réaliste à l’ensemble des quotidiens français qui titrent le même fait selon son appartenance ou sa couleur politique. L’univers graphique proposé par Stéphane de Caneva pour l’album est très moderne. Le trait est réaliste, lisible et vif. Bref, l’auteur réussit à nous embarquer dans l’ambiance. Ainsi, les auteurs nous livrent un très bel album autant sur le plan scénaristique que graphique. A ne pas louper.