L'histoire :
Baltimore, 15 mai 1979. Dans un appartement, une teuf réunit plein de jeunes. Pas vraiment des étudiants, mais un panel de filles et garçons qui adorent se défoncer. Alcool, pétards et LSD tournent à donf. Sex, drugs and Rock & Roll. C'est le moment où Beth et Kretchmeyer font connaissance. Huit jours plus tard, Kretch' monte quatre à quatre les escaliers de l'immeuble qui abrite l'appartement des fêtards. Il ne s'y arrête pas, passant en trombe devant la porte et continuant l'ascension des étages, le plus vite qu'il peut. Il arrive en nage sur le toit et se précipite sur une bouche d'aération, dont il dévisse avec fébrilité la grille. C'est là qu'il a planqué un fusil. Il le charge et s'appuie sur le muret, braquant l'arme en direction d'une boutique qui vend des donuts et située pile en face de lui, une vingtaine de mètres plus bas. Il transpire à nouveau au point que son visage ruisselle. Cette fois-ci, c'est le stress et non plus l'effort physique. Puis un type en costard, accompagné de deux bonhommes, sort de la boutique avec un donut en bouche. Une détonation et la cible est allongée la seconde d’après au milieu des bouts de sa cervelle, avec un trou gros comme le poing en lieu et place de l’œil droit. Ce type, c'était Donnie, le boss de la ville. Et on ne parle pas du Maire mais de celui qui gérait toutes « les affaires »...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Stray Bullets, c'est trois Eisner Awards, dont deux récoltés lors de son année de sortie, 1996 (Best wrtier/artist et Best Drama) et meilleure réédition l'année suivante. C'est 25 ans de série (malgré une pause de 9 ans) et plus de 2000 pages, invariablement découpées selon un sage gaufrier, de temps à autres une pleine page ou un panorama, bien souvent pour la chute de l'épisode. Et si vous êtes jusque-là passés à côté, c'est que vous avez probablement banni de vos lectures le polar... et le Noir et Blanc. Alors si vous étiez parmi ceux qui ont pris leur claque VF en 2001 (deux volumes format BD chez Bulles d'Or) et que vous n'êtes pas lecteur de VO, il vous aura fallu attendre grosso modo 20 ans avant que Delcourt remette en avant ce qui n'est ni plus ni moins qu'un must absolu des « crime stories ». Car cette série campe un nombre de personnages tellement tarés qu'une fois lue, tous deviennent inoubliables. Son autre particularité est qu'elle propose une timeline complexe : certains épisodes se suivent dans un continuum, d'autres nous renvoient au passé ou au futur. Et David Lapham s'amuse ainsi à disséminer des pièces de son immense puzzle, quand les fans se retrouvent en position d'encyclopédistes pour tout reconstituer. Mais ce qui est extraordinaire, c'est que chaque volume peut se lire de manière indépendante. Chaque arc se suffit à lui même et peut donc constituer une porte d'entrée sur la série. Stray Bullets, c'est une came hyper violente, qui vous accroche quelque soit le mode de consommation. 1991/2021, même combat, avec des éléments intangibles mais une intensité sans cesse renouvelée. Alors vous comprenez pourquoi on ne vous dévoile rien de ce volume : une expérience, ça se vit plus que ça ne se décrit. Plongez le nez dedans et accrochez-vous. Dope, on vous dit !