L'histoire :
Il est bien loin le temps où Rick était un flic. Il est bien loin ce temps où chacun avait l'impression d'avoir une vie normale... La terre a été envahie de zombies, les victimes se comptent par centaines de milliers, grossissant sans cesse les rangs des morts-vivants. A chaque jour suffit sa peine. Malgré les deuils, malgré la perte de sa main droite, malgré la sauvagerie émanant d'autres hommes qu'il a pu rencontrer, Rick a réussi à souder un groupe autour de lui. Il dirige une communauté qui s'appelle Alexandria. Cinq des siens, dont Eugène, qui a eu un contact radio avec une fille dénommée Stéphanie, ont décidé d'accomplir une longue distance pour la rejoindre. Elle prétend en effet vivre au sein d'une organisation qui compte 50 000 individus. Mais une fois sur place, les choses ne se passent pas comme prévu : leurs hôtes les accueillent en les mettant en joue. La règle est claire : céder dans un premier temps à toutes leurs demandes. Se soumettre pour pouvoir être admis. Ils n'ont pas le choix, car Pamela Milton, la Gouverneuse de la Communauté, pourrait bien les faire enfermer, voire demander leur exécution, pour protéger la confidentialité de la ville qu'elle a reconstituée et dirige désormais d'une main de fer. Son principe de gouvernance est simple : chacun a des compétences et la fonction remplie justifie d'avoir des avantages, comme le confort, ou pas... Des principes qui vont à l'encontre de ceux de Rick...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On le sait bien, le calme précède toujours la tempête. C'est exactement le même principe qui prévaut, dans ces épisodes #181 à #186. Si le postulat repose sur un mécanisme narratif récurent, la rencontre du groupe mené par Rick avec une autre communauté, les ressorts de l'intrigue continuent à s'avérer efficaces. D'un côté, on retrouve donc Rick et consorts, garants d'une vie aussi harmonieuse que possible à Alexandria et de l'autre, Pamela Milton, Gouverneuse de La Communauté, dont l'équilibre repose sur un ordre social rappelant les castes et qui s'appuie sur l'omniprésence de gardiens, dotés d'un équipement militaire façon commando, avec son responsable ex-Marine, qui trouve là une reconversion idéale. On va s'efforcer de vous en dire le moins possible, mais dans ce volume, ce sont deux conceptions des organisations sociales qui s'opposent. Sans verser dans le traité politique, c'est ce qui transpire tout le long. Rick est celui qui porte un idéal, celui du vivre ensemble de façon harmonieuse, avec comme clé de voûte la solidarité et la générosité, là où Pamela maintient l'ordre avec des règles qui figent les positions sociales. Tout est règlementé, chacun a une place déterminée par le chef politique et sous couvert d'offrir une chance de survie, l'individu doit s'y soumettre. Alors une nouvelle fois, la tension s'installe et le lecteur devient le témoin de la complexité des relations humaines, des enjeux qu'elles produisent et des dérives qu'elles charrient. Comment ne pas voir dans le fonctionnement de La Communauté une dénonciation de sociétés se disant démocratiques, mais dont la structuration interdit quasiment toute remise en cause ? Comment ne pas être amené, à la lecture, à réfléchir au concept du tout sécurité ? Et quand tout est bloqué à ce point par un système, comment éviter que de violents mouvements sociaux ne se produisent, appelant à une réaction à son tour violente émanant des dirigeants ? C'est d'ailleurs très curieux de voir ce tome paraître, au hasard du calendrier, au moment où notre pays connaît des évènements qu'on reliera sans doute plus tard (quitte à faire un raccourci) à mai 68 ! Alors la pression monte, doucement mais sûrement et si l'on sait que ça peut très mal finir, à aucun moment on ne peut deviner le bouleversement qui fait cliffhanger. Jusqu'à la toute fin, on se dit que ces épisodes sont bien calmes tout de même. Et puis, en trois pages, c'est un énorme coup dans la tronche qu'on prend. Et on se rend compte une nouvelle fois que Kirkman est un diable de scénariste. De quoi finir la lecture groggy, limite zombie !!!