L'histoire :
Le dernier baroud de la horde de platine : Il y a bien longtemps, alors que l’univers était jeune, l’empire Karbongien régnait en maitre. Cet empire avait conquis et asservi l’ensemble des autres planètes et civilisations. Leur roi, Gargantua, la sanguinarité suprême, déclara donc qu’il fallait partir au-delà des frontières explorées, et former une horde de platine qui détruirait tout sur son passage, jusqu’aux limite de l’univers. La horde partie, durant des siècles, tua et chassa tout ce qu’elle rencontra, jusqu’au jour où elle trouva une civilisation faible et molle, ramollie d’inactivité au cours du temps. Question : l’univers ne forme t-il pas une boucle ?
Monsieur, sauriez-vous utiliser une squonze ? La sonde stellaire Cinq revient après un voyage de deux ans dans le Centaure, ramenant avec elle des méduses mortes, que l’on nomme Squonzes. Celles-ci se reproduisent cependant à vitesse grand V ; aussi, afin d’abonder, on les propose à la vente comme des animaux domestiques. Suite à un incident, où un enfant l’a posé sur sa tête, on réalise que celles-ci ont le pouvoir de rendre les humains hyper savants. Chacun se bat donc pour en avoir une ou plusieurs. Sauf qu’en lieu et place d’intelligence, il s’agit plutôt de folie. Le lot était défectueux. Sur terre, désormais, plus personne ou presque ne réfléchit suffisamment, le chaos s’installant...
Les Octobandits débarquent en ville, et leur chef, une imposante pieuvre : Billy the Squid, chapeauté d'un Stetson, chevauchant un étalon, armé de flingues spaciaux, déclare : « Yiii-Haw, dégagez le passage, je suis un poulpe, j'ai des six coups et je suis sérieux ! ». Qui va pouvoir les arrêter ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si les lecteurs ont pu goûter un tas d'histoires poignantes, fantastiques, délirantes, voire violentes et démoniaques issues de la revue mythique anglaise 2000AD grâce aux éditions Delirium depuis 2016, et si l'humour « punk » reste une constante de la revue, aucun titre ni aucune série n'avait encore diffusé autant de second degré et de franche rigolade que cette compilation de récits courts d'un scénariste en devenir de célébrité, en tous cas pour les premières. Ayant commencé comme dessinateur dans les années soixante-dix, publiant dans divers fanzines et revues underground, Alan Moore « prend conscience que ses capacités de scénariste dépassent largement ses aptitudes de dessinateur » lorsqu’il entame les histoires réunies ici, dixit David A. Roach dans sa longue préface, à laquelle on se rapportera avec attention, pour comprendre comment il est arrivé à écrire un récit court pour la série anthologique Future Shocks. Dès lors, il s'y éclate avec une myriade de dessinateurs tous talentueux, diffusant sous les auspices du « gardien de la crypte » Tharg, référence aux présentateurs des histoires de monstres des revues Ec comics des années cinquante ou ceux des éditions soixante Warren, des historiettes de deux pages - pour les plus courtes - totalement libres et déconnantes, mais toujours inventives et plein de peps. Trente deux épisodes nous sont ici présentés. Ne prenons que l'exemple de la Frontière sauvage, remake science-fictionnel d'un comics western classique des 50's. La phrase clin d’oeil lancée par le poulpe annonce d'entrée le ton Alan Moore. On sait que l'on va rigoler, ou au moins sourire, et que rien ne va nous être épargné, surtout pas la bienséance. Car Alan Moore forge ses armes pour sa grande œuvre à venir, où l'humour cédera petit à petit davantage la place à une critique politique plus frontale et une tonalité plus sombre, plus désespérée. Ces archives, bien que « déterrées » d'un passé pas si lointain (1981-1983) ont su garder une fraicheur étonnante et sont surtout dessinées par la crème des artistes de l'époque. Excusez du peu : Ian Gibson, Larry Gleach, Mike White, Paul Neary, Dave Gibbons,Bryan Talbot, Alan Langford, les espagnols Jesus Redondo et Jose Casanovas, entre autre. Les noirs et blancs sont profonds, contrastés, et la maquette très bien imprimée, permet une lecture au top. Tout autant que Future Shocks, jouant beaucoup la carte de la déconnade, surfant sur les ambiances Creepy, Eerie, Weird Science ou bien Tales from the Crypt, lorgnant même pas mal du côté de Judge Dredd lui-même dans les présentations et ambiances de certains épisodes, Time Twister, ouvrant pourrait-on dire le second chapitre de ce volume, en présentant huit épisodes, auxquels s'ajoutent deux histoires indépendantes, puis huit épisodes de RoJaws Robo-Tales & Abelard Snazz. nous plongent avec le même régal coupable dans les ambiances noires et angoissantes façon Shock Suspenstories ou Crime Suspenstories. Les fins sont donc toujours acides. En fait, nulle grande différence ne permet de différencier l’une ou l’autre « série », et l’on se prend par contre à déplorer que toutes ces histoires - très bien écrites, rappelant même pour certaines les meilleurs de classiques de Ray Bradbury ou de Gaines et Feldstein – n’aient pas été mises à disposition du lectorat français avant. On y éprouve en effet un vrai plaisir (régressif), tant sur le plan scénaristique que graphique, n’en doutez pas.