L'histoire :
Il y a deux cents ans, Napoléon a vaincu l'Angleterre et soumis l'Europe. Paris, surnommée Grandville, désormais capitale de ce vaste Empire est reliée à Albion par un pont. Les habitants de celle-ci, bien qu'ayant regagnés depuis leur indépendance, restent ostracisés par les français, suite à l'attentat anarchiste qui a dévasté la Tour Robida dans Grandville et supposément perpétré par les Anglais. C'est dans ce contexte troublé et de meurtres récents à répétition que Scotland Yard envoie son meilleur inspecteur détective : LeBrock.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si la couverture de Grandville montre effectivement un blaireau brandissant des pistolets, et annonce une bd animalière, ce dessin aux aplats de noirs, tout en silhouette, ne dit pas du tout celui que l'on va trouver à l'intérieur. C'est d'ailleurs ce que certains ont pu peut-être reprocher à la première édition, sans avoir eu l'opportunité de feuilleter l'album. Grossière erreur, car le travail de Bryan Talbot, connu pour d'autres titres intéressant parus chez nous, dont : Louise Michel, les aventures de Luther Arkwright, la Vierge rouge, mais aussi Némésis le sorcier ou Fables propose un scénario magistralement écrit et déroulé, basé sur une documentation historique solide. Son dessin de qualité, que l'on appréhende cependant plutôt jeunesse dans un premier temps, est aussi rehaussé sur Photoshop de couleurs et d'effets réalistes apportant un punch incroyable. Certaines pages, dont les huit introductives, ultra dynamiques, étant à cet égard particulièrement remarquables. Cette enquête, au cœur d'un complot bien huilé et meurtrier, dans un Paris Art Déco revisitant les grands noms de la culture : chant, peinture et bande-dessinée à l'aide de clins d'œil savoureux (Jean-Jacques Grandville, Sarah Bernhardt, Albert Robida, Mucha, Milou, Bécassine, Spirou, Ruppert Bear, Omaha Cat Dancer...) a tout d'un récit adulte, et ne doit rien au hasard. Les deux personnages : le blaireau, inspecteur bodybuildé et intelligent et son acolyte rat Roderick sont attachants, mais n'évitent pas les coups et blessures, comme dans tout récit réaliste se respectant. Ce sont les éléments forts d'un album fascinant. Cerise sur le gâteau : 30 pages ont été ajoutées à cette édition, proposant commentaires de l'auteur, cahier iconographique, étude de planche et biographie. Si vous aimez Blacksad, ce Grandville doit impérativement faire partie de votre collection ! ... « Napoléon est mort !? Vive Napoléon ! »