L'histoire :
Une vague de meurtres s'abat sur la communauté artistique figurative de Grandville. Lebrock reçoit la visite officieuse de l'inspecteur Rochet, de la préfecture de Paris. Celui-ci fait état de l'assassinat de Gustave Corbeau alors qu'il travaillait sur une fresque commandée par le conseil révolutionnaire, créée suite à la mort de Napoléon XII. Le repreneur du tableau, un certain Auguste Rodent, va lui aussi être assassiné. Qui se cache derrière ces exécutions ? Lebrock et Rocher vont travailler de concert, même si le blaireau va avoir un peu de mal à fréquenter ce raton laveur et sa très belle femme, d'un autre niveau social. D'autant plus qu'une ancienne relation va aussi reparaître et aider Lebrock…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bryan Talbot nous propose un léger bon en avant afin de dévoiler ce troisième chapitre dans les enquêtes du blaireau Holmsien arpentant les rues d'une époque dystopique, où l'Angleterre a perdu la guerre contre Napoléon, où la famille royale a été guillotinée et où Albion a regagné finalement une certaine indépendance, à force de résistance. Les deux précédents épisodes nous ont bien introduit la série et les relations amoureuses ou de tensions avec certains malfrats et notre héros aux larges épaules. Aussi, ce tome aborde un autre aspect encore inédit : la relation de l'aristocratie parisienne avec le mouvement révolutionnaire, issu du peuple. Lebrock n'est jamais aussi bon que lorsqu'il lutte contre le milieu guindé et pourri des élites, et le ton de la série Grandville joue d'ailleurs à fond avec les différences de classes, leurs travers, leur histoire, en plus de la violence inhérente propre à cette époque (imaginaire mais inspirée de nombreux romans et Dime Novels). Le passage où notre inspecteur est invité à dîner chez son homologue parisien est à cet égard succulent, et les résolutions d’enquêtes du même acabit. Dès lors, que l'auteur s'ingénie à nous dévoiler dans une douzaine de pages les « dessous » de son récit, à grand renfort d'explications, de références (souvent à la BD franco-belge), issus de ses textes, dialogues ou dessins, délivre un léger goût de trop plein. Cela est certes intéressant et pourrait avoir sa place dans un livret monographique, mais nous prendre la main à ce point systématiquement sur chaque album peut agacer quelque peu le lecteur français un peu assidu. C'est l'unique point noir d'une bête qui par ailleurs, reste un magnifique spécimen, car pour tout dire, ce tome est à ce jour globalement le plus mature des trois, servi par le dessin à la finition numérique si originale de Bryan Talbot.
