L'histoire :
Marilyn Munro et Joseph Macintyre sont deux militants écolos. Ils élaborent des opérations coup de point en s'infiltrant pour filmer les expériences que les laboratoires industriels font avec les animaux. Leur prochaine action vise les laboratoires Edencorp, situés non loin des canyons du Sud-Est des États-Unis. Ils survolent la région en ULM, mais ils subissent une sérieuse avarie lorsqu'ils traversent une nuée de chauve-souris géantes. Frôlant la mort durant le crash, ils parviennent cependant à rejoindre les installations d'Edencorp. Leur coup est bien pensé : c'est un jour férié, le personnel est réduit. Le système de surveillance piraté, ils s'introduisent dans une salle lugubre où un macaque est torturé, ligoté et câblé dans une atroce machine. Le vidéo shoot commence, les salles s'enchaînent avec les cobayes plus maltraités les uns que les autres, jusqu'à ce que les deux amis soient confrontés à une monstruosité inimaginable...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Manbat est né en 1970 de l'imagination fertile de Franck Robbins et Neal Adams. Avant d'être un monstre, c'était un scientifique, le Docteur Kirk Langstrom. Un spécialiste des chauves souris qui a voulu utiliser leur ADN pour que l'homme bénéficie de leur système de sonar. Il s'administre le sérum qu'il avait mis au point, mais l'expérience tourne (bien évidemment) au fiasco et l'homme se transforme en monstre... Finalement, c'est un personnage de vilain tragique très classique, que différents auteurs animeront dans une série qui lui sera entièrement dédiée... Jamie Delano le fait revivre de ses cendres, dans un tome où le monstre n'est qu'une ellipse, puisqu'il n'apparaît pas ! Une sorte d'Arlésienne, ce qui est un tour de force, doublé du fait que le Batman n'apparaît qu'à la 18ième planche ! Le scénariste britannique, que les fans de John Constantine/Hellblazer connaissent bien, s'appuie sur les peintures dantesques de John Bolton pour asseoir une atmosphère lente et lourde, qui reprend tous les codes du pulp d'horreur. L'histoire de la lente descente de Marilyn Munro aux enfers troglodytes démarre sur un faux rythme, celui de la tragédie. Cette héroïne malgré elle, qui porte un nom qu'elle n'a pas choisi, semble dépassée par son propre destin. C'est un récit singulier que délivrent les deux artistes british, bien loin des codes ordinaires des aventures du Justicier de Gotham. La narration graphique est monstrueuse, John Bolton alignant les peintures comme seuls quelques maîtres peuvent le faire. Il maîtrise tout. Il peut suggérer l'horreur comme l'émerveillement, la grâce (Marilyn) comme la puissance (Batman) et les décors sous-terrain sont un terrain de jeu pour lui. Il donne un aspect ultra massif au Justicier de Gotham en mixant plusieurs éléments de son masque et de son costume, lui amenant ainsi une touche très personnelle. Fans du Caped Crusader, cette série gagne à être connu. Lisez ce premier tome et vous serez mordu par le Manbat !