L'histoire :
Abigail tient une réunion sur le devenir des vampires. Depuis la grande attaque à Philadelphie, beaucoup sont morts ou brûlés. Toppy en a des traces jusqu’à son visage. Il est totalement défiguré. La reine des vampires veut se démarquer de son feu mari. John était un idéaliste et il rêvait de restaurer une démocratie à l’ancienne. Mais Abigail ne croit pas à la politique et elle ne croit pas non plus à la cohabitation vampires/ humains. Les événements récents en sont un exemple marquant. Toppy critique leur ancien chef : pour lui, ils ont perdu beaucoup de temps et beaucoup de compagnons pour des rêves délirants. Abigail le plaque violemment contre le mur. On ne citrique pas impunément son mari. Elle veut également montrer qu’il faudra désormais lui obéir. Elle a un plan mais tous ceux qui ne seront pas d’accord devront quitter la famille. Elle va montrer au monde qu’ils sont encore là et les humains vont devoir vivre dans la peur et la terreur d’être dévoré à n’importe quel moment. Le début de son plan a un nom : Jupiter, un ancien esclave qu’Abigail a libéré. Tout du moins a libéré de la vie humaine…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Killadelphia est loin d’avoir livré tous ses secrets et même si John Adams est mort, c’est le règne d’Abigail que l’on suit désormais. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça va devenir très sanglant. Abigail est en effet une cheffe bien plus redoutable et violente que (double) feu son mari, déchaînant l’Enfer sur la ville. Si le tome est donc encore plus nerveux et rythmé que le précédent (qui était déjà très électrique), il n’en est pas moins riche et foisonnant d’idées. On assiste à une impressionnante galerie de personnages, plus charismatiques les uns que les autres, magnifiquement dessinés par Jason Shawn Alexander. L’inquiétant Jupiter, le sournois Toppy et désormais les loups garous, tout ce joli monde s’affronte et se déchire dans des luttes de pouvoir qui ne sont pas sans rappeler Vampire la Mascarade. La guerre est totale puisque les non morts affrontent également les humains et que certains vampires vont aider les vivants ! Le rythme irrespirable n’empêche pas Rodney Barnes de bâtir une narration intelligente et complexe. La multiplication des voix off rajoutent une bonne dose de sentiments à cette tonne d’actions et on admire l’enchevêtrement des différentes histoires comme des récits enchâssés qui donnent une profondeur forte à chaque personnage. Mais l’auteur ne s’arrête pas là et à travers le mythe vampirique, c’est une peinture sauvage et désabusée des États-Unis qui est livrée. L’esclavagisme, les manipulations politiques, le goût du pouvoir et de l’argent : la réflexion est subtile mais terriblement amère. A tel point que finalement, seul le sang peut laver l’âme humaine impure. Pour l’hémoglobine, laissez le charme envoûtant du graphisme de Jason Shawn Alexander opérer. Son trait est plus ciselé que les crocs d’Abigail et son style perçant et parfois psychédélique est délicieusement horrifique. Pas de doute, Killadelphia, ça tue !