L'histoire :
Ce fils de pute ne fait que cogner sur la porte. Il ne lâchera pas l’affaire et elle le sait. Les coups font un vacarme énorme dans le couloir et il ne cesse de déblatérer son discours débile. Elle a beau lui rappeler qu’il a passé son temps à la frapper et qu’elle n’a rien pu gagner à cause de lui dans le bar où elle sert, rien n’y fait. Il tape toujours plus fort sur le montant comme si ce salopard la cognait sur le visage. Et si elle se moquait de lui ? Elle essaie de l’atteindre dans sa virilité et lui lance quelques piques acerbes mais ça ne fait que l’énerver plus encore. Non décidément, il ne lâchera pas l’affaire. Mais Dwight surgit de la chambre, lassé de tout ce bordel. Il lui demande s’il peut intervenir et lui rabattre son claquet mais elle refuse. Elle est encore chez elle et elle ne veut pas d’ennuis. Même si elle en a un sacré à gérer sur le pas de sa porte. Il finit par menacer de tout casser si elle n’ouvre pas, alors elle craque. Ce connard rentre avec sa bande de gratteurs et il fait comme si de rien n’était. Il se sert une bière et joue la tendresse avec elle. Il a en plus une idée lumineuse : elle va appeler toutes ses copines du bar et ils vont faire une fête d’enfer. Évidemment, elle refuse : et puis quoi encore ! Évidemment, il la frappe ! Mais en la touchant, il remarque qu’elle porte une chemise d’homme qui n’est pas à lui et son parfum est masculin. Elle le trompe ! Finalement, il n’est pas si débile… Mais sa colère n’a plus de limite et il la frappe de plus belle. Dwight ronge son frein, la rage gronde en lui…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Huginn & Muninn continue leur réédition de la série culte Sin City. Et si vous êtes passé à côté d’un des titres majeurs de Frank Miller, vous n’aurez plus d’excuse désormais. Ô heureux mortel : vous allez découvrir un polar à nulle autre pareille au ton noir et désabusé, à la violence poisse, à l’humanité crasse et aux idées novatrices. Le style littéraire de Miller nous heurte à chaque passage et ses phrases courtes et cinglantes sont autant de balles que l’on se prend dans le buffet. On croyait avoir vu le pire dans l’enfer de la ville du péché mais il n’en est rien. Dwight est de retour et cette fois, et pour la premier fois, deux épisodes se suivent mais le « gentil loser » va encore collectionner les mésaventures comme d’autres collectionnent les cadavres. Miller parvient encore à surprendre avec une idée de départ tout simplement géniale et qui va plonger Dwight et ses amies dans une merde plus noire que le sombre dessin de l’artiste. Car c’est une autre des cartes de ce tome : Miller réutilise la bande des tueuses de la vieille ville. Chapeau de Zorro vissé sur la tête, une croix gammée en guise de shuriken, gros flingue au-dessus de la culotte, une tueuse samurai impitoyable… ces féministes rock’n roll du genre à tendre bien haut le majeur devant les machos sont une véritable attraction et volent même la vedette à Dwight. L’occasion idéale pour Miller de dessiner la dualité : la grâce et la violence, la beauté et la barbarie. Comme son noir et blanc mémorable s’oppose de façon forte, les filles dirigées par Gaïl sont sûrement la quintessence de l’art de Miller. On a en plus dans cet opus un humour noir génial avec des situations totalement burlesques qui pourraient être drôles si elles n’avaient pas trait à la mort et aux meurtres. Encore une nouvelle page inoubliable dans l’univers de Sin City.