L'histoire :
Il était une fois, par une pleine lune, une Matri donnant la vie. Après d'éprouvantes heures de travail, du ventre de Deherut naquit son premier fils. Il était si robuste et si vif qu'il semblait s'être extirpé du bassin de sas mère à la seule puissance de ses bras. Selon la coutume, Doï-Song, le Père-des-Espèces, Honora sa naissance en l'annonçant à Hinim. Le nouveau-né poussa un cri retentissant et reçut le nom de Ber. Le second jumeau apparut précipitamment, suivant son aîné d'à peine quelques souffles. Il était si petit et si délicat, qu'il paraissait s'être faufilé sans peine hors de l’utérus de sa mère. Selon la tradition, Doï-Song, le Porteur-de-Vie, célébra sa venue au monde en présentant l'enfant à Ygg. Le chérubin émit une fluette mélodie de notes et fut affublé du sobriquet de Yikuk. Parmi les Dieux qui assistaient à l'évènement, s'approcha la mystérieuse Ka, qui contemplait les deux premiers spécimen de deux nouvelles espèces sur le sol d'Hinim...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On est désormais en sous-terrain connu quand on se retrouve au milieu de la petite cour qui entoure la Baba Mola. Une entrée de terrier, pourquoi pas une grotte, la lanterne qui éclaire les parois humides en même temps que les mots de la grand-mère taupe éclairent le passé de d'Hinim, la contrée-mère. Et donc, volume après volume, Josselin Billard délie la trame du monde qu'il a imaginé, un panthéon qui fait écho aux nôtres et dont on découvre les légendes par la bouche d'une vieille taupe. Alors, on retrouve avec le même plaisir ces histoires de vies imaginaires mais qui portent en elle beaucoup de philosophie, car c'est bien le propre des contes que de réserver pour leur conclusion une petite morale. La pugnacité, la force et l'intelligence combinées, le Bien et le Mal, l'environnement et la relation à l'Autre, bien d'autres thèmes encore sont abordés à travers des épopées qui touchent aux récits mythologiques. Josselin Billard emprunte également aux contes illustrés, qui viennent s’intégrer au rythme narratif du reste de la BD. C'est une nouvelle occasion pour l'auteur de continuer à embrasser différents styles graphiques, pour varier les codes visuels et les couleurs. Son panthéon continue donc à s'étoffer et il suffit de jeter un œil sur le cahier de fin de volume pour mesurer le travail mis en œuvre, à travers une chronologie qui resitue chaque récit et des arbres généalogiques. Alors écoutons encore la Baba, car la série continue de nous laisser babas.
