L'histoire :
La France reçoit l'Exposition Universelle mais en son sein même, plus précisément dans le Pavillon Naturaliste, ce sont des affaires criminelles qui se sont réglées, car c'est là que les Parias ont été faits prisonniers. Grâce à leur ingéniosité, mais aussi à leurs talents surnaturels que d'aucuns nommeraient pouvoirs, ils ont réussi à s'échapper, avec perte et fracas. Si bien que le pays entier est désormais au courant de leurs turpitudes, car les journaux d'antan soulèvent la question cruciale : qui sont-ils et quelles sont leurs motivations ? Alors qu'ils s'apprêtent à organiser l'évasion de Willbur, un des leurs que l'administration pénitentiaire a expédié à la prison d'Angers, un journaliste vétéran de guerre mène son enquête, aidé d'une jeune femme portant une cagoule. Il refuse de croire de céder à la propagande du pouvoir en place, qui prétend que les Parias sont la plaie de la nation...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cet avant dernier tome de la série, les auteurs enfoncent le clou et font de Parias un véritable OVNI parmi les comics français. C'est Thomas Rivière qui le dit, on trouve dans Parias de nombreux hommages, comme des éléments qui rappellent La Brigade Chimérique et La Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Pour autant, Tony Emeriau ne fait pas dans le plagiat, au contraire, il épouse une écriture « à la façon » des romans feuilletonnés de Jules Verne et c'est très précisément ce qui fait le sel de la série. Boris Beuzelin, lui, enquille les planches efficaces, avec un style qui évoque parfois Mike Mignola, Fabio Moon ou encore Gabriel Ba. Et cette uchronie gavée d'actions nous embarque donc dans une France des années 1900. La Révolution industrielle est en marche mais c'est aussi la crise politique, dont les Parias sont un catalyseur. Et si la première moitié de l'album est consacrée au spectacle, avec notamment la mise en scène d'une région angevine ravagée, clin d’œil aux origines des auteurs, la seconde partie de l'album emprunte presque au pamphlet social. Cette France gouvernée par un Président qui, bien malgré lui, déclenche une crise institutionnelle, ce petit peuple en colère, les barricades à Paris, cela rappelle certes de façon antéchronologique la Commune de Paris, mais aussi sacrément le climat social actuel. Alors si on revient au récit et à ses éléments, on voit bien comment nos antihéros mènent leur combat contre un pouvoir corrompu, mais qu'ils deviennent et la cible des autorités et de leurs abus. Ce qui fait de cette clique bien plus que des personnages, bien plus que des héros, mais bel et bien des symboles. C'est ça, aussi la force de Parias !
