L'histoire :
Il fut un temps où Katina « Katchoo » Choovanski travaillait pour Mme Parker. Elle était une des fameuses Parker Girls tout comme sa soeur, Tambi. Parmi les missions de cette dernière, il en fut une qui la mena à Miami en 1988. L’un des associés de Mme Parker – qui lui devait un sacré paquet de pognon – se refusait dernièrement à payer. La nuit était tombée et Léo, comme il s’appelait, s’apprêtait à passer une gentille petite soirée avec sa gentille petite femme Olivia, à l’occasion de son anniversaire. Sauf qu’en guise de cadeau, c’est Tambi qui a débarqué ! Furibonde et armée. Elle venait naturellement réclamer le paiement. Léo n’était guère compréhensif mais, après s’être fait tailler les oreilles et avoir appris que durant toute sa vie, sa femme, sa situation de « gros bonnet », son image, etc. n’étaient qu’illusions, l’homme resta déconfit (…). Au prix de quelques coups de feu bien placés et de cris, Tambi obtint finalement ce qu’elle voulait. Puis elle laissa derrière elle les deux amants désormais en froid, se disputer le « drap » (comprenez le « droit ») de survivre à un brasier mortel… C’était la vie de Tambi comme celle Katchoo avant de rencontrer Francine. Aujourd’hui, Francine est partie. Et ne reste à Katchoo que ses vieux démons et Casey…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce numéro 13 de l’édition française de Strangers in paradise recèle toute la magie de la série. Tous les (très) divers composants qui font son charme – et son succès ! – y sont présents : une introduction « ter-ri-ble », des apartés romancés et fredonnés (voire chantés), des digressions enchantées, des personnages si vrais et pourtant complètement déjantés, et, surtout, un micmac délicieux incessant ! Jamais Terry Moore ne semble en manque d’inspiration, même au prix de coups de théâtre permanents. Francine est partie, un bébé en route et Brad à marier ; Katchoo recolle tant bien que mal les morceaux d’une vie impossible, sans cesse sur la tangente, rattrapée par un passé qu'elle ne parvient pas à semer (voire brûler). Entre nos deux héroïnes, la rupture paraît belle et bien consommée (…). L’équilibre de cet album est parfait. Aucune des différentes « récréations » narratives n’est trop courte ou longue – le summum étant probablement la fantasque réécriture du conte de Blanche-Neige, des sept nains et de son prince charmant. L’alchimie réussie est d’autant plus remarquable que l’histoire, que dis-je, le titre lui-même, est schizophrène ! 120 pages noircies de main de maître (le travail graphique réalisé demeure très propre), balançant constamment entre agonie et jouissance. Tant que le personnage de Katina « Katchoo » Choovanski – qui brûle ici ses vieux démons, ceux-là même qui furent ce qu’elle est – trustera les devants de la scène, il ne saurait en être autrement. Pourvu que cela dure…