L'histoire :
Quand Molly rencontra-t-elle Poo, son double victorien ? Peut-être le temps d'une représentation théâtrale où, subjuguée par le personnage d'une femme éthérée du nom de Ma Malai, elle se perdit en pensée à espérer vivre pareille destinée... Quoiqu'il en soit, l'attachement fut vif et réciproque. Au point de motiver une correspondance épistolaire abondante. Au point de partager les goûts et passions de l'autre sans retenue. Au point d'imaginer l'être aimé sans plus être capable de ne plus y songer, même en pensée. Au point de refuser tout ce qui n'est pas lui. Au point de ne plus savoir distinguer la folie de sa raison. Au point de tuer un mari désormais haï... Assise sur le divan du psychiatre, Molly écoutait à peine les questions que lui posait son médecin. Une seule chose, disait-elle, lui hantait l'esprit : la pornographie. Lorsqu'elle regardait un cadavre, Molly y voyait un tableau pornographique. Presque un objet divin. Une image poétique de Dieu, de la mort, de ce corps qui excite indifféremment les hommes...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors que l'ultime épisode de la saga s'annonce à grand pas, les éditions Kyméra nous proposent quand même une dernière digression – un album en marge de la tomaison de la série – autour d'un des multiples protagonistes d'une intrigue aux mille facettes : Molly Lane. Un nom qui ne vous dira sans doute rien, sauf si vous lisez très consciencieusement la moindre ligne imaginée et écrite par Tony Moore depuis les débuts (...). Ainsi, vous l'apprendrez mieux ici, Molly Lane sortit, du temps du lycée, avec le frère aîné de Francine, Benjamin (qui déjà subissait les facéties coquines d'une petite blonde...). Sans importance, me dire-vous, sinon que son nom reviendrait donc parfois dans la bouche des membres de la famille Peters, mais sans donc plus d'insistance. Pourtant, les gens que l'on croise ou fréquente un jour ont aussi une existence propre, la majeure partie ordinaire, parfois extraordinaire, pour le meilleur ou pour le pire ! Car, ne résistant pas à l'idée d'explorer une nouvelle facette névrotique de l'âme humaine, Tony Moore choisit de faire de ce rôle secondaire celui d'une meurtrière. Pire, presque d'une parricide ! L'album est construit crescendo, mi-romancé mi-dessiné, et dévoile son mystère page après page. D'essence dispensable, cette parenthèse stylée se révèle cependant agréable et s'apprécie encore mieux à la relecture. Si vous êtes fan des aventures tumultueuses de Strangers in paradise, vous passerez facilement outre une forme faussement policée pour savourer l'énième éclaircie d'une représentation toujours si fascinante et électrique à son crépuscule...
