L'histoire :
A neuf ans, grâce à un jeu de mots foireux de son père, James s’aperçoit qu’il n’a pas le sens de l’humour. C’est à treize ans, en accumulant une sérieuse collection de meurtres de petits animaux qu’il se découvre réellement sociopathe. A quinze ans, par curiosité, il plonge sa main dans le broyeur de la cuisine… il y perdra deux doigts. A 16 ans, il se fait une meuf, Alyssa, qui le trouve pourtant merdique comme skateur. Il lui bouffera régulièrement la chatte et simulera sans cesse de l’étrangler. A 17 ans, il frappe son père au visage et vole sa voiture (elle finira sur le toit, dans un fossé). A partir de ce moment, la vie peut réellement commencer pour James et Alyssa. Ensemble, ils disent merde à cette vie de merde. Ils piquent une bagnole et se barrent de cette « ville la plus chiante du monde ». Ils repèrent une maison vide, une chouette. Ils cassent la vitre d’un soupirail et la squattent pendant une semaine, en vidant les conserves des placards. Visiblement, c’est la maison d’un professeur. Mais sur le haut d’une étagère, James trouve un carton contenant d’étranges photos… de corps mutilés et ensanglantés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce petit bouquin carré, en noir et blanc et à forte pagination, provient assurément de la scène comics « indé » américaine. Le portrait du premier protagoniste, James, est rapidement brossé et impose d’emblée un climat de malaise, une brutalité naïve qui accompagnera le lecteur tout au long de l’album. Sur un air proche de Bonnie and Clyde, Charles Forsman met ainsi en scène James et Alyssa, deux jeunes gens pas franchement intégrés dans la bonne société d’aujourd’hui. Ces derniers décident de vivre leur liberté et enclenchent rapidement le mode road-movie. Or dès leur première étape, ils tombent sur encore pire qu’eux… et évidemment, par définition, ça se terminera mal. The end of the fucking world est donc l’histoire d’une rencontre improbable entre un jeune couple de sociopathes et des psychopathes dans la force de l’âge. Et ouéé, vive the american way of life… Le dessin est certes épuré : peu de décors, James ressemble à Alyssa, tous deux avec des points pour les yeux et une tignasse blonde. Néanmoins, par l’alternance d’encadrés narratifs noir et blancs, on partage les pensées implacables des deux protagonistes et le récit reste donc fluide. Un autre parti-pris séquentielle le rend surtout très percutant : une narration coup de poings, en courte (et nombreuses) séquences morcelées à grands coups d’ellipses. En creux, entre thriller et critique sociale, Forsman va droit au but et rend une copie très efficace.