L'histoire :
Nous sommes le 6 juillet. Une conférence du président des Etats-Unis doit se tenir dans quelques minutes. Les médias répondent bien évidemment présents et attendent l’arrivée du leadeur des armées. La seule chose que les journalistes savent est que John Horus, un super héros faisant parti des Sept Armes est venu lui rendre visite. La porte s’ouvre mais en lieu et place du président, c’est le justicier qui débarque. Son costume est couvert de sang, il se place devant le pupitre et annonce qu’il vient de tuer le président, le vice-président et leur conseiller. La salle est en état de choc et Horus annonce avoir commis un acte patriote : pour lui, les dirigeants étaient corrompus et de nouvelles élections, qu’il surveillera lui-même, doivent être organisées. Tom Noir a longtemps fait partie des Sept Armes. Mais le jour où une bombe coûta la vie à sa bien-aimée (et partenaire) Laura Torch et qu’il perdit une de ses jambes, il a littéralement sombré dans l’alcool. Alors qu’il vient de découvrir avec stupeur son ami John Horus tenir son étonnant discours, un homme qu’il a toujours cru mort depuis de nombreuses années refait son apparition : Frank Blacksmith, le créateur des Sept Armes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans le monde des comics, les super héros ont une place à part (la plus grande et donc celle qui rapporte le plus). Normal, donc, que les Spiderman, Wolverine, Batman et consorts tiennent le haut du pavé en termes de production éditoriale aux Etats-Unis. Pourtant, après leur intronisation, nous avons rapidement vu le mythe évoluer. Les clichés volent en éclats et surtout les héros ne sont plus aussi lisses (manichéens) qu’avant. Des scénaristes ont su faire progresser et intellectualiser le propos autour de ce genre. Warren Ellis est l’un d’eux : il dynamite les codes, provoque, prend des positions politiques… en bref, Ellis est un scénariste engagé qui n’a qu’une volonté : faire avancer les choses. Avec Black Summer, il nous dévoile l’histoire d’un groupe de 7 super héros, dont l’un des membres élimine le président des USA et ses assistants, dans le bureau ovale. Le prologue annonce que l’action se situe en 2006 et que le super héros, devenu pour le coup un meurtrier, dénonce la corruption et la manipulation de ses hommes, notamment sur le dossier de la guerre en Irak. Warren Ellis est libre et nous le prouve un peu plus encore avec la suite du récit qui, dès la fin du premier chapitre, ne cesse d’accélérer. Les rebondissements sont nombreux, le récit est très bien écrit et l’on ne peut s’arrêter de dévorer ce brulot. Le titre n’est pas porté que sur l’action, la violence et la provoc : Ellis manie l’humour comme personne et n’hésite pas à placer ici et là des répliques cinglantes. Black Summer nous comble dans tous les compartiments, y compris du point de vue des dessins. Le scénariste sait s’entourer (Ben Templesmith sur Fell, Darick Robertson sur Transmetropolitan, Adi Granov sur Iron Man Extremis…). Il revient aujourd’hui avec Juan José Ryp, un dessinateur avec qui il a beaucoup travaillé mais qui est encore peu connu en France, il avait illustré il y a quelques le scénario original de Frank Miller sur RoboCop. Son style est étonnant, très détaillé et extrêmement dynamique. Il colle donc merveilleusement bien au récit. Pour le décrire, on dirait un croisement entre Geoff Darrow (Shaolin Cowboy) et Frank Quitely (WE3). Black Summer est un comics intelligent, volontairement provocateur, drôle et passionnant : le croisement parfait entre Watchmen et Authority. Une grosse baffe !