L'histoire :
Le vieil Ukko continue de raconter les aventures sanglantes de son maître Slaine. Le guerrier Sessair arrive à la fin de son règne et doit donc être sacrifié pour permettre au nouveau roi de prendre sa place. A sa mort, il est plongé dans le chaudron de sang et ressuscite pour devenir le soldat de la Déesse Terre. Celle-ci va lui donner une nouvelle mission pleine de dangers et de combats : libérer le peuple Breton de la domination tyrannique des Césariens. Accompagné de son fidèle nain Ukko, Slaine va multiplier les combats meurtriers et affronter de nombreux soldats. Pourtant, le pire reste à venir, car l’armée césarienne est commandée par un dangereux Démon quasi invincible : Elfric.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette seconde intégrale (rééditant les 5ème et 6ème tomes) de la série barbare et violente de Pat Mills marque un profond changement. Le dessinateur Simon Bisley laisse en effet place à Glenn Fabry, le célèbre artiste qui a fait les couvertures chocs de la série Preacher. Avec une série aussi tonitruante et pleine de sang, il était facile de tomber dans l’écueil du mauvais goût et de la violence gratuite. Malheureusement, cette seconde intégrale y tombe droit dedans pour s’y fracasser. A l’image de la dernière partie du précédent recueil, cet opus n’est que batailles rangées et mises à mort. Le ton est de plus en plus sinistre et l’on frôle souvent le mauvais goût avec des scènes insupportables de massacres en masse. La vengeance de Slaine est un hymne macabre à la guerre et à la soif de sang : il extermine 300 hommes, femmes et enfants en une journée… Les combats sont sanglants et pleins de brutalité : les têtes volent et les cadavres s’empilent de planche en planche. Le trait de Glenn Fabry est propre à dessiner cette horreur avec luxe de détails au niveau des jointures des membres et de la dynamique du mouvement. Pourtant, le souffle épique est totalement mis de côté, remplacé par une abjecte surenchère de sang et de morts. Le dessin, comme le scénario, a oublié toute la force poétique et mystérieuse de l'intégrale précédente, avec un message global plus que douteux. Certes, Mills n’a pas perdu de son intelligence scénaristique, puisqu’il glisse quelques allusions historiques à son univers d’heroïc-fantasy. Ainsi, après avoir incarné une figure légendaire d’un chef Irlandais, Slaine vient venger la Gaule des envahisseurs Romains. Au milieu des insultes guerrières et du fracas des armes, se glissent quelques références historiques à des batailles de l’époque. Ceci ne fait pas oublier le vide de l’ensemble. La mécanique est simpliste au possible : duels, grandes batailles, carnages puis détente (avec une femme c’est plus sympa !) et le tout se répète une dizaine de fois. Seul la mini histoire de fin peut paraître amusante, puisque Slaine revient dans sa Terre d’Irlande, mais l’époque n’est plus la même et le christianisme domine. Le débat théologique qui en découle entre le prêtre et Slaine est savoureux. En bonus, un hommage aux amateurs de jeux de rôles : Mills propose une aventure dont vous le héros (comme les livres du même nom) pour incarner Slaine dans une aventure inédite ! Bref, si Slaine se plait à répéter : « cela n’est point excessif » en éventrant des milliers d’hommes, cela l’est beaucoup trop pour le lecteur…