L'histoire :
Ben Urich le sait : le Daily Bugle touche à sa fin. Le vrai journalisme meurt en même temps que Daredevil. Les gens préfèrent regarder des photos médiocres prises par téléphone et balancées sans vergogne sur internet. On aime plus l’instantané et le zéro réflexion et analyse. C’est exactement ce qui s’est passé quand Daredevil a rendu l’âme. Beaucoup de monde assistait à ce terrible combat entre le Démon de Hell’s Kitchen et Bullseye. Un combat violent et intense qui a duré plus d’une heure. Personne pour lever le petit doigt à part le pouce pour enregistrer ce sinistre spectacle. Personne n’a réagi pour défendre celui qui avait tout sacrifié pour protéger la ville. Personne pour s’indigner ou s’apitoyer sur leur sauveur. Il a beau interroger tout le monde dans la rue : les réponses varient de « J’ai rien vu » à « Ce n’est pas mon problème » quand ce n’est pas « C’est qui Daredevil? » Les images font le tour des télévisions et elles sont terribles : Daredevil en sang, bien plus rouge que son costume. Terrible et aussi violent que l’indifférence de la population. Il est vraiment temps que Ben décroche de ce monde sans morale et sans gratitude. Mais il veut d’abord faire une dernière chose pour Daredevil…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Beaucoup de super-héros sont morts dans l’histoire des comics. Daredevil n’échappe pas à cette « hécatombe ». En 2013, Brian Michael Bendis (un auteur devenu une référence dans ces années là) imagine la fin du Démon de Hell’s Kitchen. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard que Bendis s’attelle à ce projet : il a déjà réalisé un long run sur le personnage qui est rapidement devenu une référence. Cet épisode marque le dénouement du récit Wake Up. L’événement avec la mort de Matt Murdock est ici très vite éclipsé par une enquête tortueuse de Ben Urich. L’occasion pour les auteurs de faire une sorte de bilan plein de nostalgie sur toute la vie de Daredevil. On voit ainsi de nombreux super-héros qui l’ont côtoyé, des femmes qui l’ont aimé et des bandits qui se sont opposés à lui. Bien sûr, des grands noms qui ont marqué Hell’s Kitchen (comme Bullseye, le Caïd ou Elektra) ont un rôle primordial mais c’est en réalité Urich qui fascine dans ce polar poisseux digne d’un Frank Miller. Les hommages aux différents auteurs sont évidents et sont même très émouvants. La surprise est également omniprésente car on ne sait jamais vraiment où cette affaire nous emmène. Le final termine d'ailleurs magistralement cette série d’événements étonnants. Magnifique histoire post-mortem en quelque sorte et pour l’occasion, de grands noms d’artistes ont été invités : Bill Sienkewicz, David Mack et Alex Maleev. Le dessin très noir et saturé de hachures rappelle là encore les plus belles pages de Frank Miller. Les derniers jours de Daredevil resteront gravés dans les mémoires.