L'histoire :
La fille sirote seule un verre dans ce bar minable. Le bruit est assourdissant : un client est heureux de fêter une bonne nouvelle. Un homme seul lui aussi s’assoit à côté d’elle. Il est plutôt pas mal mais ce n’est pas la première fois qu’elle se fait draguer et ce ne sera sûrement pas la dernière. Mais à sa grande surprise, l’inconnu ne s’intéresse pas à elle mais à l’homme qui rit et paie des verres à tout le monde. Il fête sa liberté. La fille lui raconte qu’il aurait dû être emprisonné pour meurtre mais son avocat a réussi à l’innocenter pendant le procès. De toute façon, ce bar est soit le lieu des ex taulards qui fêtent leur libération, soit de types comme lui qui ont eu la chance d’éviter la case prison. Alors que fait celui qui l'observe ici ? Il est plutôt étrange à vrai dire et quand il sort une pilule, elle se dit que c’est un junkie de plus. Pourtant, il explique que c’est un médicament car il a eu un accident grave il y a eu quelques temps. La jeune femme est abasourdie quand elle se rend compte qu’il est en plus aveugle ! Abasourdie mais également sous le charme. Elle n’a jamais fait l’amour avec un aveugle : pour une fois, quelqu’un la séduit pour autre chose que sa beauté !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Daredevil est un personnage qui se fait de plus en plus rare dans les comics, malgré le succès immense de la série Netflix. Chip Zdarsky relance donc le héros de Hell’s Kitchen en proposant un nouvel arc qui fait directement suite à l’épisode décrit dans L’homme sans peur. C’est donc un Matt Murdock gravement affaibli que l’on voit ici. Devant panser ses plaies et réfléchir à son avenir, Daredevil est plus que jamais en difficulté. Pire : le Diable rouge sombre en Enfer avec une douloureuse introspection et une remise en question permanente. La voix off de Matt Murdock plonge plus avant dans la psyché du personnage et les fans seront ravis de retrouver leur super héros, plus ténébreux que jamais. Zdarsky n’innove pas vraiment en proposant du très grand classique et en reproduisant très fidèlement l’esprit de la série télévisée, quitte à faire de gros clins d’œil très appuyés. C’est donc plutôt malin et gage de réussite que de calquer la série télé, même si on attendait peut être un peu plus de nouveautés. Malgré tout, les dialogues et la narration sont appliqués et très efficaces. Seule ombre au tableau : une réflexion un peu bébête et rapidement expédiée sur le bien et le mal. Le plaisir de retrouver Daredevil reste intact d’autant que le dessinateur de cet opus est Marco Chechetto, l’étoile montante de Marvel. Son travail est sublime, plein de puissance et d’élégance et rivalise aisément avec les grands noms qui ont posé leurs griffes artistiques sur le personnage. Le génial dessinateur tente même des cases psychédéliques qui imitent ce que pourrait voir Matt Murdock. Daredevil est bien de retour !