L'histoire :
Le poison rentre lentement dans les veines. Au début, la sensation est glacée, mais elle laisse vite place à une chaleur intense, un feu qui embrase tout. Ce sera ensuite une lente descente vers la mort, le corps qui se ramollit, la peau qui se fripe, puis le cerveau qui se déconnecte progressivement. C’est ensuite qu’on oublie tout, jusqu’au moment où l’on reprend conscience de ce qui se passe et que l’on fait le constat terrible, toujours le même : le cancer est bien moins douloureux que son traitement. Mais Jane Foster tient et résiste. Il faut qu’elle reste en vie car le monde a besoin d’elle. Et cela commence par ce qui est annoncé aux informations. En effet, une station spatiale a fait une étrange découverte dans l’espace. Des corps morts flottent avec des messages écrits sur leur torse : la guerre des Royaumes est déclarée. Pire, la station est en danger ! Jane sait qu’elle n’a qu’une chose à faire : prononcer le mot « Mjolnir ». Elle va devenir alors quelqu’un d’autre, bien loin du légume qu’elle est devenue. Elle est la nouvelle Thor !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour terminer la collection de Panini consacrée aux super-héroïnes de chez Marvel, qui de plus digne que Thor au féminin ? Malgré ce que l’on pense, Jane Foster, qui prend la relève de l’illustre fils d’Odin, n’est pas une invention récente. Mais Jason Aron est bien celui qui donnera les lettres de noblesse du personnage en imaginant ce que l’on connaît déjà pour ceux qui ont vu le film Thor : Love and Thunder : la super-héroïne qui manie le marteau et le tonnerre est aussi une femme rongée par le cancer. C’est donc un début terrible et poignant, avec des textes déchirants et un puissant paradoxe qui soulève le cœur, peut-être un des plus forts jamais inventés par la Maison des Idées : un Dieu – une Déesse – capable de tous les exploits et de gagner n’importe quel combat est aussi une humaine en sursis. Le reste prouve la bravoure du personnage, mais aussi le talent d'Aaron à confectionner des récits de qualité et bien huilés. C' est du pur bon Thor, n’en déplaise à ceux qui n’accepteraient pas le changement de sexe du personnage : des trahisons, des combats épiques, des dialogues enflammés et des personnages surpuissants. Que ce soit le Géant des Glaces, les Elfes Noirs ou l’infâme Loki, le mal est partout et apporte une sacrée tension à l’ensemble. Il est simplement dommage que la guerre interne qui couve entre Odin et ses sujets soit aussi rapidement traitée et, du coup, soit aussi peu crédible. Malgré tout, et malgré un début mortifère, Thor version Foster redonne dynamisme et vitalité à la mythologie nordique façon Marvel. D’autant plus que les dessins de Russel Dauterman sont prodigieux. On croit voir du Olivier Coipel dans chacune de ses planches, tant l’ensemble est harmonieux, ultra fluide et plein d’élégance. Jane Foster clôt en beauté ce bel hymne à la féminité dans le monde des super-héros et super-héroïnes.