L'histoire :
Maya Kuyper s’ennuie à mourir dans cette soirée de travail où elle représente son patron pour le « Pouvoir des femmes dans le milieu du travail ». Les discussions condescants sur les femmes sont exaspérants au possible, sans compter les peintures qui témoignent du machisme de l’époque. Visiblement, on est loin d’en être sorti, même en 2049. Mais tout tourne au désastre quand elle réalise qu’elle a une tâche plus que gênante sur sa robe blanche. Une tâche de sang… Les réflexions et les moqueries fusent de partout et elle s’esquive rapidement. La pression monte tellement qu’elle ne peut se retenir et dévoile ses pouvoirs au grand jour. Tout a commencé en 2029 alors qu’elle avait encore huit ans. Elle avait des parents aimants même si ce n’était pas ses vrais parents et qu’ils l’avaient adoptée. Sa maman était malade mais ils vivaient heureux malgré toutes les difficultés que cela créait. Son père lui répétait sans cesse qu’il fallait aider les autres et se montrer solidaire. Tout allait bien jusqu’à ce qu’elle ait 16 ans. Sa mère s’est effondrée le matin et en suivant, son père, trop attaché à elle, avait chuté des escaliers. Elle a dû vivre chez une cousine éloignée de son père et c’est à ce moment qu’ils sont arrivés. Comme une deuxième crise de puberté. Des pouvoirs immenses et incontrôlables : pouvoir de guérison express, pouvoir d’invisibilité, pouvoir d’étendre ses membres de façon démesurée. Mais qui est-elle vraiment ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Émilia Clarke se lance dans les comics ! Peu de temps avant elle, c’est Keanu Reeves qui avait eu cette expérience. Alors, lire un comics scénarisé par la fameuse actrice de Game of Thrones, c’est une curiosité en soi. D’autant que la couverture psychédélique est diablement accrocheuse. Mom c’est un peu un récit de super héroïne qui tente de dévoiler la mysoginie de nos sociétés et qui se défoule en hurlant « Girl Power ». Clarke prévient d’entrée de jeu dans la préface qu’elle est féministe et on le comprend vite quand on lit les premières pages. Malheureusement, le comics est trop ambitieux, ce qui donne un mélange hétéroclite difficile à suivre. On oscille sans arrêt entre parodie, récit de supers, humour humaniste, revendication de genre, réflexion personnelle et action. La préface avait prévenu que le script de Clarke était très dense et il s’adapte finalement mal au format BD. En voulant trop bien faire, on en fait juste trop. La fiction disparaît de temps en temps pour des dénonciations sûrement légitimes puis tente de réapparaître tant bien que mal, sans compter une narration étriquée où Maya elle-même parle tantôt aux personnages tantôt aux lecteurs sans transition. On comprend bien le but recherché et l’originalité de mêler super-héros (le summum de l’image de l’homme « supérieur » ?) et défense féministe est intéressant mais tout est beaucoup trop décousu. Le graphisme n’emporte pas non plus tous les suffrages. Si le style dynamique et cool de Leila Lez donne des cases larges et originales, les personnages ne sont pas toujours bien traités et manquent d’épaisseur. Un titre qui ne tient pas toutes ses promesses (même s’il s’agit d’un avis masculin).