L'histoire :
L'ambulance file à toute allure, sirène hurlante. À l'intérieur, tout le monde est gêné. Ce n'est pas tous les jours que les médecins doivent soigner... Batman ! L'un d'eux prend les devants et commence à couper son masque. Mais Batman se réveille et pousse sauvagement le médecin. Le policier présent dans l'ambulance dégaine son arme mais il se retrouve propulsé hors du véhicule. Batman s'échappe dans Gotham mais il est aux abois et il perd beaucoup de sang. Il appelle Alfred par son transmetteur. Il souffre tellement qu'il se voit tomber du haut du pont. Quand il remonte à la surface, il voit ses parents qui le félicitent pour son courage. Il finit par se réveiller à nouveau alors qu'un homme se rapproche de lui, une cigarette à la main. Ce ne peut pas être son majordome. En effet, il s'agit de John Constantine. Batman tombe à nouveau dans un étrange rêve : il est enfant et joue à l'extérieur devant ses parents. Mais une sombre enfant se cache derrière un arbre et l'interpelle : elle a quelque chose à lui révéler. Batman se réveille une deuxième fois mais cette fois, il n'est plus dans la rue. Il est dans une chambre d'hôtel miteuse avec des symboles étranges et mystiques sur le sol. Constantine est toujours là et l'invite à regarder les informations du jour. C'est la nouvelle qui secoue tout Gotham : le Joker a été retrouvé mort, noyé en tombant du haut d'un pont...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Brian Azzarello et Lee Bermejo s'associent souvent pour des one shots consacrés à Batman. Quand la nouvelle est tombée qu'ils allaient remettre le couvert sous la collection Black Label, on pouvait s'attendre à un résultat sombre et irrévérencieux. Et on n'est pas déçus : les auteurs plaçant le batverse dans une pente bien plus adulte. On y voit Bruce Wayne tout nu à plusieurs reprises, Batman saigne et fait saigner les autres et même ses parents ont des sombres secrets inavouables ! Cependant, ce qui frappe d'entrée, ce n'est pas la modernité du ton ou la violence de l'ensemble mais plutôt la lenteur d'un récit qui dévoile petit à petit ses cartes. Sous le signe de la magie et de l'occulte, l'intrigue est poisseuse et pleine de mystères. La voix off de John Constantine apporte un décalage aux événements tout en rentrant dans la profondeur de la psyché. Quand on allie la beauté des textes aux dessins organiques de Lee Bermejo, on est forcément subjugué. D'autant que cet opus ouvre une page totalement inédite du Chevalier Noir. Non seulement Batman va rencontrer certains personnages normalement absents de ses récits (John Constantine, Zatanna, Swamp Thing ou Deadman) mais il tombe cette fois dans une enquête qu'il n'a jamais vécue : celle qui utilise un chemin surnaturel et dont l'arrivée l'amène à sa propre introspection. De façon brillante et incroyable, Azzarello bouleverse le mythe tout en lui rendant hommage. Évidemment, on ne pouvait pas être déçu des dessins de Lee Bermejo. Au contraire, l'artiste impressionne de plus en plus avec son style photographique inégalable. Certains moments sont des exercices de style mémorables et certaines cases vous hanteront à jamais. On veut bien se damner pour revivre une autre histoire avec ce duo infernal !
