L'histoire :
Cela fait à présent dix années que Batman n'officie plus, ni à Gotham ni ailleurs. Depuis la mort de Jason, le dernier Robin, Bruce Wayne n'a plus ni l'envie, ni la motivation, de faire régner la justice comme autrefois. La situation à Gotham a bien évidemment empiré, au point qu'une bande organisée de criminels, surnommés les mutants, multiplient les victimes innocentes en toute impunité. Le commissaire Gordon n'en peut plus. Après tant d'années à servir la justice, il s'apprête à raccrocher les gants. Un jour, un des anciens ennemis du Chevalier noir sort de l'asile : le fameux Double-face. Le docteur Wolper prétend que l'ancien voyou est désormais sain d'esprit et lui a même refait le visage. Cette libération, qui semble anodine, marque le retour de Batman. Le justicier souhaite remettre la main sur son ennemi mais également en profiter pour rendre la paix et la sécurité aux habitants de Gotham. Très vite, ces actes sont remarqués par les médias qui constatent que Batman opère cette fois-ci de façon beaucoup plus expéditive qu'auparavant. Qui plus est, les nouvelles méthodes du justicier ne sont guère appréciées par la police qui lance un mandat d'arrêt à son encontre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Imaginé en 1939 par Bob Kane et Bill Finger, Batman est l'un des super héros les plus populaires et les plus prisés jamais créé. Au fil des années, le personnage a fini par s'affubler d'une image légèrement kitsch dont le summum est sans nul doute la série télévisée issue des années 60. Après diverses tentatives, c'est finalement en 1986 à Frank Miller que la tâche de réanimer Batman est confiée. L'auteur est un artiste complet qui a révolutionné la narration et le dessin des comics depuis la fin des années 70. Alors qu'il sort d'un run gigantesque sur Daredevil, il revisite le héros en le vieillissant et en le montrant aigri et désabusé. Absent depuis quelques années, le Dark Knight marque son retour dans les rues de Gotham en faisant preuve d'une violence qu'il s'était jusqu'ici interdite. C'est avec une vision radicale que Miller a fait passer le justicier d'une lecture grand public à celle plus adulte que de nombreux auteurs ont repris aujourd'hui. Miller a utilisé de multiples trouvailles narratives, comme l'utilisation des médias qui commentent chaque scène. Il décrypte également les années 80 et nous fait le portrait d'une Amérique désabusée. Ingénieux et provocateur, son Batman marque les esprits dès les premières pages. Sa critique de la politique est aussi très dure, notamment vis à vis de la réelle utilité d'un Président. On retrouve les habituels ennemis de la chauve souris comme Double Face ou le Joker. Contrairement aux aventures passées, le héros utilise cette fois-ci ses muscles et les criminels risquent de le sentir passer (en force). Sombre et épique, le récit vous saisit au corps et ne vous relâche qu'une fois la dernière page refermée. Frank Miller s'appuie sur son style atypique et original. Les pages bénéficient d'une précision effarante et d'une inventivité omniprésente. Batman renaît des ombres qui ont envahi Gotham et le doit aussi à l'encrage soigné de Klaus Janson et aux couleurs de Lynn Varley. Une ville en pleine déliquescence et une civilisation qui pousse à la médiocrité ne méritent-elles pas un héros plus violent, plus extrême ?... Miller interpelle, secoue et marque définitivement son lecteur. Cette œuvre culte, n'ayons pas peur des mots, bénéficie aujourd'hui d'une édition d'excellente facture, aux bonus nombreux et pour les premiers exemplaires du film animé tiré de cet ouvrage. Un livre majeur du comics de super héros, à ranger à côté d'indispensables tels que Watchmen ou récemment Civil War.