L'histoire :
La chaleur est étouffante à Gotham depuis quelques jours. On dépasse maintenant les 40 degrés ! Dans cet enfer climatique, la tension est au maximum avec de nombreux cas d'agressions, vols et meurtres. On parle souvent aux informations du gang des Mutants qui font régner la terreur dans les rues. Il faut dire que Batman n'intervient plus depuis dix ans maintenant. A-t-il décidé de se retirer de l'action? Est-il gravement blessé ou pire, mort? Personne ne comprend sa disparition et son absence laisse un grand vide et provoque le chaos. Comme si cela ne suffisait pas, on annonce partout que Harvey Dent a changé. Le psychiatre Bartholomew Wolper est persuadé que son patient est guéri de son dédoublement de la personnalité et le chirurgien Herbert Willing a fait des merveilles en lui redonnant son visage d'antan. C'est un Harvey Dent métamorphosé qui apparaît devant la télévision et qui déclare s'être repenti. Il veut désormais faire le bien pour réparer ses erreurs passées. Bruce Wayne voit toutes ces nouvelles, installé sur le canapé de son salon. Il ne fait que boire et s'isoler de plus en plus, malgré les conseils d'Alfred. Il y a bien longtemps qu'il n'a plus endossé le costume de Batman. Alors qu'il est en pleine méditation, une chauve-souris vient percuter la fenêtre du manoir. Batman va-t-il revenir ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est certainement l'œuvre la plus rééditée dans l'univers DC : le fameux Dark Knight Returns de Frank Miller. Pour fêter les 80 ans du chevalier noir, Urban ressort ce run fondamental dans la collection DC Black Label. Batman a donc 80 ans d'existence et le retour à l'œuvre de Frank Miller (qui date de 1986) correspond bien à l'actualité du moment puisqu'à l'époque, Miller avait imaginé vieillir Batman dans son comics : il a désormais 55 ans ! Ce n'est pas la seule des audaces du récit : Robin devient une jeune fille espiègle et surtout, les valeurs morales sont beaucoup plus troubles. Ainsi, les psychiatres estiment que les criminels ne sont pas si coupables qu'on le dit ; la police s'oppose à Batman ; et Batman lui-même semble basculer dans la violence et la démence. Le ton est si incroyablement moderne, la violence si prégnante et la vision du monde si désenchantée, que le récit n'a pas pris une ride, tout comme son héros, finalement, qui peut toujours se battre malgré son âge avancé. Frank Miller révolutionne tout, à tel point qu'on remarque avec le recul que bon nombre de comics et adaptations cinéma n'ont ensuite fait que copier son style. Les super-héros sont là pour questionner notre société et bousculer nos visions du monde : les médias s'interrogent sans arrêt, Batman lutte plus que jamais contre la criminalité et Superman doit empêcher une guerre nucléaire. C'est noir et quasi sans espoir, avec une violence totale et terrifiante, des bandits complètement fous et des ennemis à faire frémir avec l'inévitable Joker, notamment – une noirceur qu'on retrouvera dans Sin City. Frank Miller a aussi révolutionné l'écriture en apportant un ton unique où les voix off des personnages se multiplient, sans oublier les sempiternels commentaires des médias qui apportent une vision ironique et mordante à l'ensemble. Le dessin aura aussi changé la face des comics avec un style graphique ambitieux et une patte nerveuse et agressive. Les couleurs douces en aquarelle de Lynn Varley tranchent violemment avec le graphisme sombre de Miller, comme une nouvelle folie décapante que n'aurait pas reniée le Joker. Même si cette réédition est exactement la même que celle de 2012, annexes comprises (avec les CD en moins toutefois), la relecture de cette œuvre à part ne pourra que vous frapper à nouveau... « veinards » !