L'histoire :
Il a beau réfléchir à toutes les possibilités et les différents choix, le constat sera toujours le même, implacable et terrifiant : il n’y a aucun endroit ni moment où il n’aura pas tout fait foirer. Où il n’aura pas fait du mal à sa femme Sara. Où il n’aura pas abandonné ses deux enfants. Où il n’aura pas joué au démiurge et où il n’aura pas provoqué une catastrophe qui s’étend même au delà de notre univers. Maintenant, il n’a plus qu’à fuir et tourner le dos à tout ce qu’il a provoqué. De toute façon, il n’a pas le choix. C’est ça ou finir dévoré par ces terrifiantes murènes géantes conduites par des extra-terrestres qui ressemblent à des hippocampes monstrueux. Ils s’arrêtent devant la hauteur de la falaise. Faut-il sauter ? Mais non, il sait qu’il n’a pas le choix encore une fois. Il doit revenir en arrière et trouver de l’eau du marais. C’est la seule solution. La seule pour qu’ils reviennent dans leur monde et qu’ils puissent à nouveau utiliser le Pilier. Cette machine de malheur qui a un bordel sans nom dans sa vie et celle de ses proches.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rick Remender aura marqué les esprits avec sa série Fear Agent. Le voici de retour en 2013 avec une autre série SF tout aussi forte : Black Science. Urban a la bonne idée de publier l’intégrale de la série en tomes volumineux. Ceux qui ne connaissent pas l’imagination abondante du scénariste vont avoir un sacré choc. Dès le départ, vous êtes happé par une narration à rebours où l’on commence par la fin sans bien comprendre ce qui se passe et où l’on découvre petit à petit la vérité. Rarement un début d’album n’aura été aussi marquant tant le démarrage coupe le souffle. Et une fois que vous êtes pris, c’est foutu, vous ne lâcherez plus la lecture. Géniale réécriture de La machine à explorer le temps, Remender réinvente le merveilleux scientifique avec une touche d’anticipation froide et inquiétante. La construction est brillante et se répète à l’infini, proposant là aussi une géniale reprise du multivers, mais d’une façon bien plus adulte et raisonnée. Chaque partie est une découverte rocambolesque de plus en plus grande avec des retournements de situation renversants et des surprises incroyables. Les personnages sont également marquants, d’autant qu’on apprend petit à petit leurs liens et que de lourds secrets se font jour. Grant est le docteur Moreau moderne de H. G. Wells et questionne en profondeur le sens de la vie et la limite de l’évolution humaine. Que d’intelligence dans cette série qui se place dans les sommets de la BD SF ! Le plaisir de lecture est également décuplé grâce aux dessins modernes et inventifs de Matteo Scalera. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » comme le dit si bien Pascal : Black Science pousse encore plus cet adage.