L'histoire :
Manhattan est devenue le territoire le plus dangereux au monde, depuis que la Seconde Guerre civile américaine a été déclarée. Matthew Roth était un fils à papa, sévèrement pistonné pour accéder au terrain et compléter sa formation de stagiaire reporter. Mais il a été le dernier survivant du crash de son hélico et a du apprendre à survivre. Immergé en plein conflit urbain, il a peu à peu abandonné toute objectivité et trahi les valeurs de son métier, pour soutenir Parco Delgado, leader populaire revendiquant l'autonomie politique de la DMZ (la zone démilitarisée). Dans sa mégalomanie, Delgado se dote d'une bombe nucléaire, avec la complicité de Matty. C'en est trop pour le gouvernement fédéral, qui décide de larguer un engin tactique sur la centrale nucléaire d'Indian Point. Rien ne sera plus jamais pareil à Manhattan...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce dixième volume, qui contient les épisodes 50 à 54 de la série (sur 72), réussit encore à nous tenir en haleine. Il faut rendre justice à Brian Wood et Riccardo Burchielli : leur récit est incomparable. Peu d'auteurs peuvent en effet se vanter d'avoir réussi à camper un univers contemporain et réaliste, dans lequel la veine d'anticipation croise la réflexion politique sous la forme d'un récit journalistique. On retrouve donc Matty dans un Manhattan désertique post frappe nucléaire. Durant le premier tiers de l'album, le personnage évolue donc quasiment seul. Lorsqu'il croise d'autres citoyens, il assiste aux carnages de la guerre civile ou aux frappes chirurgicales des missiles largués à 20 000 mètres d'altitude par les chasseurs bombardiers qui quadrillent en permanence la zone. L'ambiance est glaciale et plombée. L'angoisse est à son paroxysme, renforcée par la voix-off du dialogue intérieur de Matty. Les planches de Burchielli produisent choc sur choc et glacent le sang par leur réalisme. Ce type a transformé New-York en Beyrouth... Puis on switche à partir du second tiers : Parco Delgado a disparu, et Matthew devient une cible car il est susceptible de savoir si le leader indépendantiste vit encore, et si oui, où il se terre... Résultat : l’antihéros de service est capturé et il va en prendre plein la gueule, au sens propre du terme. Après cette épreuve dont il se sortira du fait de son innocence, comme un réflexe salvateur, il va enfin faire son procès en conscience. Une sorte de rédemption qui va justifier ce baroud d'honneur.On a hâte de savoir quelle en sera l'issue. Que tous ceux qui suivent encore la série se réjouissent, que tous ceux qui l'ont lâchée revoient leur choix, que tous ceux qui hésitent cessent de le faire et retournent dans la DMZ ! La liberté a besoin de vous !