L'histoire :
Dans une Terre dévastée par une mystérieuse catastrophe, les animaux ont pris forme humaine et sont les nouveaux maîtres du monde. L'espèce humaine est réduite à quelques tribus ignorantes et à des individus tenus en esclavage par les bêtes. C'est dans ce monde que se déroulent les aventures de Kamandi, un jeune homme intrépide élevé par son grand-père à l'abri d'un vieux bunker. Ayant lu notre histoire dans les ruines d'une bibliothèque, Kamandi souhaite plus que tout rendre sa liberté et sa splendeur à l'humanité déchue.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au moment où j'écris ces lignes, je me dis que je pourrais me contenter d'écrire "Jack Kirby, 460 pages" et vous laisser vous faire une idée. Mais ce n'est pas souvent qu'on a la chance de pouvoir donner son avis sur le King Kirby et si je dois enfoncer des portes ouvertes alors tant mieux: ça fait moins mal à l'épaule. Kamandi est quasiment une œuvre de commande. A l'époque, DC Comics souhaite profiter du phénomène qu'est La Planète des Singes mais ne disposait pas des droits. Il fallait donc faire quelque chose "dans le style" sans pour autant se contenter de copier. Ainsi naquît Kamandi, le dernier garçon de la terre. Urban Comics délivre donc ici le premier de deux tomes qui contiendront l'intégralité des aventures de Kamandi réalisées par Jack Kirby soit 40 épisodes (sur les 59 de la première série). Au lecteur connaissant peu le travail de Jack Kirby et craignant une histoire datée et des dialogues plats je dis tout de suite que nenni ! Le dessin ultra dynamique de Kirby est servi ici par des péripéties incessantes. Kamandi bondit, frappe, emploie les arts martiaux, conduit comme un fou et mitraille à tout va, à la grande surprise des animaux anthropomorphes, nouveaux maîtres du monde. Si Kamandi est souvent naïf et (surtout) impétueux il est aussi doté d'un humour qui fait mouche et a toujours une petite vanne au moment de jeter ses adversaires dans un gouffre. Le cynisme est omniprésent avec un parallèle constant entre le mépris qu'éprouvent les animaux pour Kamandi et le même mépris retourné par Kamandi, qui a grandi en voyant les images de ces mêmes animaux asservis par l'homme. L'ouvrage est présenté par Mike Royer, qui a encré pendant un long moment les planches de Kamandi. L'enthousiasme du bonhomme et son amitié pour Kirby font plaisir à lire mais c'est surtout son travail, net et précis, qui ressort de chaque page. Pas de fantaisie mais un travail minutieux, dynamique et ultra pêchu qui explique pourquoi Kirby affectionnait tant de travailler avec Royer. Pur concentré d'aventure mis en images par un des seigneurs des comics, Kamandi est un recueil hautement recommandable et même indispensable pour les tous amoureux de cette période.