L'histoire :
Le jeune Kamandi est vraisemblablement le dernier humain doué de raison dans un monde dévasté par un mystérieux cataclysme. Il parcourt les terres désolées et peuplées de factions et autres tribus d'animaux qui ont évolué et sont devenus les nouveaux maîtres de la Terre. Aujourd'hui chassé et considéré comme une bête, il cherche avant tout à trouver d'autres comme lui. Hélas, les seuls humains qu'il rencontre sont devenus des mutants ou bien ont régressé au stade de l'âge de pierre. Kamandi, aidé de ses amis Ben Boxer et le professeur Canus, réussira-t-il à sauver l'humanité et surtout, celle-ci le mérite-t-elle?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est avec un plaisir et un enthousiasme non dissimulés que l'on découvre la suite (et la fin) du run de Jack Kirby sur le personnage de Kamandi. Une deuxième partie qui, loin de s'assoupir sur un lectorat acquis, décide d'emporter ce dernier dans un des plus grands et des plus beaux délires SF des années 70, tout en se reposant sur des références et un style de narration classiques. L'introduction de ce deuxième tome analyse d'ailleurs les raisons pour lesquelles Kamandi, tout en étant une des œuvres les plus qualitativement discutées de Kirby, a traversé l'épreuve du temps et a conservé son statut de classique. On comprend ainsi qu'outre ses qualités graphiques et son côté outrancièrement pulp, l'identification du jeune lecteur au personnage principal et le classicisme des thèmes abordés pour l'époque y sont aussi pour beaucoup. Kamandi n'est d'ailleurs pas sans rappeler l'Enfer de Dante ou plus simplement à les contes sous forme de périples initiatiques sinon moraux, du moins satiriques («Candide», par exemple). Certaines vignettes sont réellement drôles mais aussi dérangeantes car, à travers ces animaux ayant pris la place des hommes, ce sont aussi des pans entiers de notre culture qui sont passés à la moulinette. On vous laissera découvrir l'hilarante découverte par Kamandi d'une tribu vénérant un certain "puissant" et cherchant désespérément et à grand frais d'en retrouver la réincarnation. Les références sont multiples et plus ou moins évidentes (pour certaines, sans doute, des coïncidences ou bien le résultat de nos propres projections) : Moby Dick, Godzilla, Tolkien, Swift, Flash Gordon, ... Les histoires, quant à elles, ont évolué et abandonné le concept d'une simple resucée de la Planète des Singes pour adopter celui beaucoup plus ambitieux du conte moral d'anticipation, porteur des élucubrations les plus folles, dignes de la Twilight Zone et autres Au delà du Réel. L'encrage de Kirby, des postures et des mouvements des personnages, les explosions, le déchaînement des éléments. Tout ce qui fait de Kirby un artiste inimitable est là. Seul regret, sans doute du au format de l'époque: Kirby néglige souvent la qualité de la narration, en particulier dans ses conclusions, au profit du graphisme et de la morale finale du récit. Les deus ex machina sont nombreux, des éléments tels que l'espace ou les radiations, servent souvent d'explication hâtive à certains mystères. Mais l'imaginaire de Kirby se déchaîne: il a à sa disposition l'ensemble des animaux de la création et peut se permettre les combinaisons et les anthropomorphismes les plus délirants. C'est bien cet imaginaire, associé au trait unique de captain Jack, qui font de Kamandi une œuvre à part pour tout fan de comics.