L'histoire :
Superman revient très fatigué de son voyage à la Nouvelle Krypton. Touché par la destruction de sa planète, Superman erre de rues en ruelles, de villes en états, de rencontres en échanges, et va tenter de sortir de sa torpeur. Les journalistes lui tombent dessus car beaucoup sont inquiets : les rumeurs disent que Superman n’aime plus la Terre autant qu’avant. Entre deux interviews, une inconnue frappe le super héros devant tout le monde et lui crie sa souffrance : son mari est mort d’une tumeur et seul Superman pouvait le sauver. Malheureusement, il était déjà parti pour Krypton. Superman, choqué par ce témoignage difficile, se sent de plus en plus vide et tente de comprendre son rôle sur Terre. Beaucoup s’inquiètent de l’attitude du super-héros : certains pensent qu’il est dépressif et d’autres imaginent qu’il est sous l’influence d’une pierre kryptonienne ou qu’il est devenu tout simplement fou. Pourtant, la vérité est bien plus simple : Superman a besoin de comprendre la vie des Américains et de connaître leur besoin quotidien pour mieux retrouver sa vraie mission.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Superman dépressif ? Tout est possible avec Joe Michael Straczynski qui nous présente un Superman loin de sa… super forme ! Assailli par les doutes et las de l’existence, l’homme d’acier baisse la tête et marche sans but. Il tente de trouver la solution auprès de ceux qu’il défend depuis toujours. Cette idée est plus qu’originale quand on sait la puissance extrême du plus célèbre des personnages DC. Straczynski, fidèle à ses habitudes, s’en donne à cœur joie pour éclater la narration. Son récit épouse les errements psychologiques de son héros et le lecteur va de rencontres en rencontres, sans but ni trame fixe. Adieu les super-vilains, les menaces extraterrestres ou les catastrophes à éviter : Superman doit désormais lutter contre ses propres démons ! Le récit est sublime quand le héros à la cape rencontre des citoyens dans leur quotidien pas toujours rose. A ce titre, le dialogue surréaliste entre Superman et une femme proche de se suicider, tout cela tout en haut d’un building, est incroyable de justesse psychologique. Les errements de Superman sont autant d’occasions de questionner les états d’âme d’un super qui se fait homme et de le confronter aux difficultés des américains « moyens ». Malheureusement, Straczynski laisse vite la main à Chris Roberson qui scénarise la deuxième partie de ce recueil. Tentant de faire avancer l’histoire et d’y intégrer de l’action et du sensationnel, Roberson a perdu l’âme du projet. Vilain ridicule, états d’âme larmoyants et patriotisme insupportable, le changement est radical. Ce n’est plus Superman qui a le blues mais le lecteur qui assiste, apeuré, au massacre ! Le final est, à ce titre, une véritable caricature des comics où le gentil Superman affronte le vilain méchant et finit par retrouver son vrai but : l’amour, la vérité, la justice et les valeurs américaines… Roberson tente bien d’apporter un peu de piment à cette soupe en ramenant d’autres personnages de la Justice League comme Flash ou Batman mais les rencontres entre super-héros donnent lieu à des dialogues interminables et faussement philosophiques. L’intégrale est aussi une occasion d’enchaîner les dessinateurs mais avec un résultat assez inégal. D’autant que la colorisation est souvent simpliste et désagréablement voyante. Étrange one-shot que ce projet : totalement livré à lui-même, Superman s’est paradoxalement perdu en se retrouvant… Un résultat loin d'être super...
