Assez peu connu jusqu'ici des fans de comics en version française, Eddy Barrows roule sa bosse depuis quasiment une dizaine d'années dans le milieu professionnel. Exclusif à DC Comics, cet artiste brésilien a œuvré sur de nombreuses séries et il aura fallu attendre la sortie de Nightwing en France pour qu'on puisse apprécier l'élégance de son trait. Celui qui n'était habituellement qu'un fidèle sidekick de Batman s'est vu propulsé dans des aventures où ses capacités à virevolter dans tous les sens ont été sublimées par Eddy Barrows. Présent à la seconde édition du Paris Comics expo, le rencontrer semblait une évidence...
interview Comics
Eddy Barrows
Réalisée en lien avec les albums Nightwing T3, Nightwing T2, Nightwing T1
Bonjour Eddy. Peux-tu te présenter et nous dire comment tu es entré dans le monde des comics ?
Eddy Barrows : Bonjour, je suis Eddy Barrows. Cela fait maintenant 9 ans que je dessine des comics, dont 7 en tant que dessinateur exclusif chez DC, et je dessine depuis l’âge de 26 ans.
Quelles sont tes influences, et en quoi t’ont-elles aidé à créer ton style ?
Eddy Barrows : Mes principales influences sont John Buscema, Alfredo Alcala, et Claudio Villa. Ce sont ces trois dessinateurs qui m’ont aidé à trouver mon style. Ce n’est pas quelque chose qui est venu comme ça, subitement. Cela s’est fait sur une très longue période. J’ai été influencé par beaucoup de choses, certaines qui existaient à l’époque et d’autres qui sont venues plus tard. C’est pour cela que mon dessin a changé avec les années, et encore aujourd’hui, mon trait continue d’évoluer.
En France, nous t’avons découvert avec Nightwing. Peux-tu nous parler de ce personnage et de l’histoire de Kyle Higgins ?
Eddy Barrows : C’est un personnage qui n’était pas connu, et je voulais le faire sortir de l’oubli. C’était une collaboration avec Kyle, on en a discuté et on l’a remanié à notre façon pour en faire un personnage important de nos jours.
J’ai lu que le 3ème recueil de Nightwing était ta dernière participation sur la série. Pourquoi ne continues-tu pas ?
Eddy Barrows : Simplement car j’estime que je suis arrivé en quelque sorte au bout du personnage, j’ai fait tout ce que je voulais faire avec. J’ai passé de super-moments et j’ai travaillé dessus comme je le souhaitais, donc je pense que c’est le bon moment pour arrêter et travailler sur autre chose.
Dernièrement, tu étais sur Teen Titans. Tu peux nous en parler ?
Eddy Barrows : Cela fait déjà un petit moment que je ne travaille plus sur ce titre. Je suis passé sur Justice League of America maintenant. Teen Titans, c’était une période de transition en attendant d’avoir d’autres projets.
Dans ce cas, peux-tu nous parler de ton travail sur Justice League of America : comment es-tu arrivé sur cette série ?
Eddy Barrows : C’est l’éditeur qui est venu me chercher. Il m’a dit qu’il avait 4 ou 5 projets sur Justice League of America et m’a demandé si je serais intéressé. Je lui ai répondu que bien sûr cela m’intéressait ! C’était une super opportunité et donc j’ai accepté.
Qu’aimes-tu en particulier dans cette série ?
Eddy Barrows : Ce sont les personnages sur lesquels je travaille actuellement, Stargirl et Martian Manhunter (J’onn J’onzz), et même l’histoire me plaît. J’ai découvert le scénario d’ensemble du crossover Forever Evil et l’atmosphère, et ce sont toutes ces choses qui me motivent à travailler sur ce titre et qui me donnent du plaisir, d’autant plus que je veux découvrir l’histoire.
Lis-tu des comics en ce moment, et lesquels ont ta préférence ?
Eddy Barrows : Je lis surtout du Calvin & Hobbes, pour sortir un peu du monde du dessin, j’aime bien changer un peu de répertoire. Sinon, pour les comics, ce sont American vampire et Justice League, que je relis.
Sais-tu déjà sur quoi tu travailleras après ou sur quoi tu aurais envie de travailler ?
Eddy Barrows : Pour l’instant je ne sais pas encore sur quoi je vais travailler, ni si je pourrais travailler sur ce dont j’ai envie. J’ai discuté récemment avec le patron de DC à New York et je lui ai dit sur quoi je voudrais travailler, mais je ne peux pas vous en parler pour le moment. Et il m’a répondu qu’on en rediscuterait et qu’on verrait...
Illustration de Calvin and Hobbes réalisée par Eddy Barrows
Eddy Barrows : Probablement, Spider-Man, ou Incredible Hulk, ou Silver Surfer, Captain America...
Du coup, pourquoi n’as-tu jamais essayé de travailler pour Marvel ?
Eddy Barrows : J’ai reçu 2 ou 3 propositions de Marvel, mais j’ai renouvelé mon contrat chez DC, et mon contrat est tout simplement exclusif. Désolé les mecs, je sais que vous adorez Marvel (rires). Marvel a l’habitude depuis longtemps de signer des artistes exclusifs, mais DC ne le faisait pas tellement avant.
Tu es un des premiers ?
Eddy Barrows : Non, ce n’est pas si nouveau, puisque cela fait 7 ans déjà que je suis exclusif. Après, cela ne fonctionne pas forcément de la même manière que chez Marvel... En tout cas, chez DC, ils font le pari de prendre des auteurs sur des séries qui plairont au public, et il y a une sorte de contrat d’exclusivité... Mais je ne suis pas le seul, il y a aussi David Finch par exemple, et Mike Deodato et d’autres, mais c’est vrai qu’il n’y en a pas beaucoup.
Eddy Barrows : Il peut y avoir plein de raisons donc c’est difficile de dire pourquoi. Déjà, le marché américain s’est ouvert beaucoup plus qu’avant et, en plus de ça, au Brésil, il y a eu une évolution. Maintenant, il y a des écoles de dessin qui se sont ouvertes, et il y a des agents de DC et Marvel qui viennent chercher et recruter les talents au Brésil. C’est pour cela qu’il y a beaucoup plus de brésiliens qui sortent aujourd’hui et qui n’étaient pas connus avant, car on va les chercher. Il y a également beaucoup de brésiliens qui sont sur le marché et dont on ignorait auparavant qu’ils étaient brésiliens…
Si je te donnais le pouvoir de visiter l’esprit d’un autre artiste, de comics ou non, vivant ou mort, pour comprendre son esprit, ou peut-être lui voler des techniques, qui choisirais-tu et pourquoi ?
Eddy Barrows : Il y a tout un tas d’artistes dont j’aimerais bien comprendre l’esprit : De Vinci, John Buscema, Will Eisner... Mais d’un point de vue philosophique seulement. Sinon, pour ce qui est d’essayer de récupérer des choses, des techniques, cela ne m’intéresse pas car ce que je veux, c’est créer de nouvelles choses. Je ne veux pas voler et proposer des choses qui existent déjà. Je veux créer mon propre chemin et proposer des choses différentes de ce qui a déjà été fait.
Merci Eddy !
Merci à Louise pour son organisation, à Mickaël Géreaume pour ses questions et le chapeau, ainsi qu’à Laurent Nucéra de la librairie Apo(K)lyps comics pour ses questions supplémentaires de dernière minute.