L'histoire :
Superman a besoin de se confesser et rend donc visite à un prêtre : gravement perturbé par la disparition mystérieuse de milliers d’humains, il ressent le poison de la culpabilité… d’autant plus que sa femme Loïs Lane fait partie des disparus ! La solution à son problème existentiel se trouve au milieu d’une guerre qui fait rage en Israël et menace le devenir de l’humanité. Une série de personnages dangereux gravitent autour de ce conflit : le mercenaire Orr et ses mystérieux commanditaires, le monstre robot Equus, le général Nox et une dangereuse sorcière arabe qui maîtrise les éléments. Superman a prévu un plan à l’échelle planétaire pour sauver ses proches, mais il n’est pas sans risques… Pour préserver l’avenir, il va devoir replonger dans son propre passé.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Brian Azzarello donne d’entrée le ton : l’histoire promet d’être complexe et obscur et les dialogues sont chargés de symbolisme. A l’instar de Superman, le lecteur nage en pleine tourmente et il est extrêmement difficile de ne pas s’y noyer. Dialogues métaphysiques et verbeux, intrigue non formulée, superpositions de rencontres sans liens apparents… Superman semble chercher une vérité qui nous échappe totalement pendant une bonne partie de ce comic book. La fin n’est pourtant pas beaucoup plus claire : transporté dans une intrigue cosmique et des trouvailles totalement loufoques, le lecteur fait un voyage intersidéral complètement fou et… flou ! Azarello a voulu faire dans l’originalité tous azimuts et il se plaît à brouiller les pistes : ainsi, il est difficile de savoir qui sont les alliés de Superman et qui sont ses ennemis. On doute de tout le monde (dont Wonder Woman) et on pourrait même douter de Superman ! Les cartes sont si bien brouillées qu’elles en deviennent difficilement lisibles, à l’instar du trouble Deathblow de la série Batman (du même scénariste). Pourtant, Jim Lee nous offre une prestation de maître : alternant avec talent grandes cases ou gros plans, combats violents ou méditation des visages, monstres et super-héros musclés et femmes douces et fragiles, le dessinateur n’est pas en reste pour redorer l’image du super-héros. D’une fluidité hallucinante avec des mouvements surnaturels et un hachuré proche de celui de Silvestri, Jim Lee régale et sublime Superman en lui donnant une dimension à la fois divine et profondément fragile. Dommage donc, car l’idée de fond aurait pu faire de ce Superman la référence moderne de ce personnage de DC. Malheureusement, elle n’est guère accessible pour le commun des mortels !
