L'histoire :
La seconde guerre mondiale est terminée. 1946 : l’année de la reconstruction. Les soldats reviennent chez eux, embrassent leur mère, leur femme. Certains rencontrent leur enfant pour la première fois. La bombe atomique est derrière nous désormais. Les massacres, les souffrances, les disparitions, tout cela est terminé. Même les dieux qu’on appelle « super-héros » sont derrière nous. Beaucoup ont laissé place au courage des hommes et des femmes qui se sont battus pendant cette terrible période. Pourtant, un homme revient en fanfare : Tex Thompson, dit Mister America. Tout le monde l’acclame et les journaux vantent ses actions super héroïques. Infiltré dans le camp nazi, l’Americommando a été l’un des artisans de la victoire, même s’il a travaillé dans l’ombre. C’est d’ailleurs le seul nom de super-héros que l’on retient de cette guerre. Les autres ont... disparu ! Johnny Chambers effectue les derniers réglages pour son film sur la seconde guerre. Il sait que son alter ego Johnny Quick aurait fait le montage en quelques secondes mais ce personnage est derrière lui. Il sait aussi que Mister America n’est qu’une vaste mascarade. Les super héros ont disparu oui mais il y a une raison à cela et personne ne la connaît...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La JSA, la Société de Justice d’Amérique, fondée en 1940 dans All Star Comics, fait partie de l’Age d’Or des comics. Pourtant, ce groupe fait d’un grand nombre de super héros a disparu avec l’existence de certains d’entre-eux pour une refonte qu’on nommera JLA, la Ligue de Justice d’Amérique. Watchmen ayant créé une vague de remise en cause des super héros, James Robinson s’attelle à déterrer ces héros d’antan pour les confronter à une vision pessimiste du monde, caractéristique des années 90. Les super héros ont pris du plomb dans l’aile, boivent ou se droguent, doutent et se sentent seuls, divorcent ou sont en proie à des délires psychotiques. Pire : certains font de la politique et chassent les communistes d’Amérique ! La maturité et le désenchantement sont donc de rigueur et la plume de Robinson, digne d’un grand écrivain, se fait profondément noire et désabusée. Chaque passage est un coup porté aux récits de l’époque et le vernis du super héros se fissure devant les failles ou les vicissitudes humaines. Très littéraire, l’œuvre est exigeante et s’adresse aux connaisseurs de comics de l’époque. Les allers retours et l’aspect trop fragmenté du récit finissent par lasser malgré tout mais Robinson ne manque pas d’audace et son final est une véritable bombe atomique lancée sur l’histoire des comics. Le dessin est tout aussi audacieux et Paul Smith nous régale avec des cases d’une inventivité folle comme les cauchemars hallucinants de Manhunter. Pour prolonger le plaisir, cette édition propose le récit de la création de la JSA, étonnant chapitre qui imite l’âge d’or façon Jack Kirby. On y voit ainsi Batman et son équipe se battre contre l’ennemi nazi. Un volume étonnant de « l’Age Sombre » des super héros.