Découvert par beaucoup lors de ses épisodes sur la série Thunderbolts puis sur le Moon Knight écrit par Warren Ellis, l’irlandais Declan Shalvey n'a de cesse de voir sa côte de popularité grimper. Cela couronne une passion pour les comics apparue lorsqu'il était encore enfant. Capable de mettre en scène des récits de super-héros ou de science-fiction avec un talent indéniable, celui-ci était venu soutenir la sortie du premier tome d'Injection, une série co-créée avec Warren Ellis et publiée par Urban Comics en France, lors de l'édition 2017 du festival d'Angoulême. L'occasion de parler avec lui de son amour pour le 9e art et de son intérêt pour la liberté de création.
interview Comics
Declan Shalvey
©Urban Comics édition 2017
Réalisée en lien avec l'album Injection T1
Bonjour Declan Shalvey, pour commencer, peux-tu te présenter auprès de nos lecteurs ?
Declan Shalvey : Je suis Declan Shalvey, je suis auteur de comics et je viens d'Irlande. J'ai toujours été fan de comics depuis que je suis enfant. Je lisais beaucoup de Marvel puis petit à petit je suis allé vers des séries plus adultes comme Preacher de Garth Ennis. Lui vient d'Irlande du Nord et moi d'Irlande, et on s'adore ! J'ai dévoré tous les Spider-Man, X-Men qui sortaient, et les Batman aussi. J'aimais tellement les comics que je me suis dit que je pourrais peut être en faire. J'ai commencé à aller dans des conventions britanniques et j'y montrais mon portfolio, je rencontrais plein de gens. Puis j'ai fait la même chose aux U.S.A.. J'ai eu la chance de commencer à faire quelques comics en Grande-Bretagne, des récits très classiques puis quelques temps après, j'ai pu débuté aux U.S.A., d'abord via Boom Studios puis l'année suivante chez Marvel. Cela m'a changé considérablement de passer de costumes victoriens et historiques à des t-shirts et des jeans ! [rires] J'ai adoré dessiner tout ça.
Chez Marvel, tu n'as pas forcément illustrer les personnages les plus célèbres. je pense aux Thunderbolts....
Declan Shalvey : Je suivais la série depuis le premier numéro, j'étais donc ravi. Et puis il y avait Songbird ! Je l'adore, tout comme j'ai aimé mettre en scène Luke Cage. C'était amusant à faire et les scénarios de Jeff Parker étaient très bons. C'était le meilleur sur cette série et en plus je devais donner le meilleur car j'alternais sur la série avec Kev Walker et il est juste trop fort.
Plus tard, tu as travaillé sur un autre personnage Marvel : Moon Knight. Sur ce titre, tu as travaillé avec Warren Ellis pour la première fois....
Declan Shalvey : J'étais chez Marvel depuis quelques années et lorsque je travaillais sur Deadpool, on m'a présenté à Warren Ellis et j'ai toujours aimé son travail, pour moi c'est le meilleur scénariste britannique. Je lui ai demandé pourquoi il ne faisait pas plus de comics chez Marvel et il m'a dit que la continuité, ce n'était pas son truc. On a alors dit que ce serait bien de faire un truc ensemble si cela introduisait un personnage ou ses aventures. Cela s'est produit avec Moon Knight. Il s'investit énormément dans ses histoires, les designs et même les couvertures. J'avais beaucoup d'indications mais il me laissait une vraie liberté en terme de mise en scène. C'était intéressant et génial car je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre à chaque chapitre. Dans le cinquième épisode, on raconte comment Moon Knight débarque dans un immeuble et savate tout le monde, comme dans The Raid. Beaucoup d'auteurs auraient donné des indications précises en imaginant qu'une scène serait cool. Warren Ellis considère que si tu travailles avec lui, tu dois être capable de gérer ce genre de scènes d'action sans lui. Il te fait confiance. Et comme il a énormément de travail, il ne veut pas s'immiscer dans la partie qui ne le concerne pas et ne maîtrise pas.
Vous avez de nouveau fait équipe, toi et Warren, sur Injection. Peux-tu présenter ce titre aux lecteurs ?
Declan Shalvey : C'est difficile à décrire pour être honnête. Je crois que seul Warren en serait capable. C'est l'histoire de 5 personnes et qui ont tous des capacités très différentes. Ce sont des personnages à la Warren Ellis, sarcastiques, en colère. Ils réalisent progressivement ce qu'ils ont pu commettre, il y a de la mythologie, de la science-fiction, il y a un type à la James Bond, un à la Sherlock Holmes.... Je ne suis pas sûr que je viens de bien vendre Injection mais je vous jure que c'est bien [rires]. Et c'est moi qui le dessine !
Pourquoi avoir sorti Injection chez Image Comics ?
Declan Shalvey : C'était la meilleure option. Toi et un ami pouvaient présenter un pitch à Image et ils le sortent. Il n'y a pas de commissions abusives, pas de censures et une totale liberté de création. Si quelqu'un fait un film ou u jeu vidéo, cela ne va pas à l'éditeur mais aux auteurs car c'est ton idée. Sur Injection, la série est exactement comme nous voulons la faire. Marvel fait plein de titres géniaux mais si les créateurs apportent leurs idées, c'est dommage qu'ils ne récoltent rien derrière. Deadpool est un titre génial mais même si je donne tout sur le titre, la série n'a pas besoin de moi pour exister.
Est-ce que cela a été simple de pitcher Injection à Image comics du fait que la narration est complexe ?
Declan Shalvey : Warren a présenté les grandes lignes de l'histoires et leur a dit que la narration serait composée de beaucoup de flashbacks et ce, jusqu'au tome trois.
En combien de tomes prévoyez-vous Injection ?
Declan Shalvey : Cinq. On avance bien, le troisième est fini et j'ai le temps de faire quelques autres titres avant que Warren ne m'envoie la suite.
Tu termines d'ailleurs tes pages d'All-Star Batman, c'est ça ?
Declan Shalvey : Oui ! Après dix épisodes d'Injection, j'ai fait une pause de plusieurs mois et quand on m'a proposé de faire du Batman et du Nick Fury, j'ai sauté sur l’occasion pour me renouveler et revenir plus fort sur Injection.
Est-il facile d'échanger avec ta coloriste, Jordie Bellaire, qui est aussi ta petite amie ? Qui a le dernier mot ?
Declan Shalvey : Ce n'est pas moi. [rires] Nous avons pris l'habitude de travailler ensemble et nous ne parlons boulot que dans l'atelier. Nous n'avons pas toujours la même opinion sur le travail de l'autre mais nous sommes toujours constructif l'un envers l'autre.
Si je t'offrais le pouvoir de visiter l'esprit d'un autre artiste pour en comprendre le génie, qui irais-tu visiter ?
Declan Shalvey : Je pourrais te donner mon artiste favori mais je pense qu'en étant fan de celui-ci, j'ai déjà décrypté certaines choses chez lui, à force d'observer son travail. Cela serait sûrement plus intéressant si c'était quelqu'un dont je ne connaîtrais pas bien le travail. Peut être le Caravage. Il y a énormément à apprendre des artistes dont tu n'es pas familier de leur oeuvre.
Merci Declan !
