interview Comics

Elena Casagrande

©Akileos édition 2016

Depuis plusieurs années, Elena Casagrande montre ses qualités de dessinatrice sur des titres très variés, passant de licence comme Star Trek ou Buffy à des séries de super-héros pour Marvel.L'artiste italienne s'est faite une jolie réputation et a vu sa popularité monter d'un cran en Europe lorsqu'elle fut nommée dessinatrice de Doctor Who, et notamment de sa dixième incarnation (celle de David Tennant). Présente en France pour soutenir la sortie du premier tome, elle a réalisé une véritable tournée de rencontres et de dédicaces. C'est à la librairie Imaginaute de Tours que nous l'avons croisé...

Réalisée en lien avec l'album Doctor Who - Le Dixième Docteur T1
Lieu de l'interview : Librairie Imaginaute à Tours

interview menée
par
22 juin 2016

Elena Casagrande Bonjour Elena Casagrande, peux-tu te présenter et nous dire comment tu as débuté dans la bande dessinée ?
Elena Casagrande : Je m'appelle Elena Casagrande, ça fait 7 ans que je fais de la bande dessinée en tant que professionnelle. J'ai un parcours assez similaire à celui d'Emanuel Simeoni. J'ai appris auprès d'une des deux écoles de dessin de Rome où je suis devenu l'assistante de David Messina. Quand David a commencé à travailler pour le marché américain, je l'ai aidé puis j'ai tracé ma propre voie. J'ai travaillé jusqu'ici à 99% pour le marché américain et quelques essais pour le marché italien.

Quelles sont tes influences ?
Elena Casagrande : Principalement Eduardo Risso, Mike Mignola, Claire Wendling, Duncan Fegredo, Tommy Lee Edwards, Marcelo Fusin, Massimo Carnevale, Alessandro Barbucci, Dave Johnson, Stuart immonen. Énormément d'influences. J'aime les auteurs qui ont un trait assez cassant, obscur et qui ont une réelle profondeur. À part Claire Wendling qui a un trait d'une grande finesse. Sean Murphy aussi.

Comment décrirais-tu ton style ?
Elena Casagrande : J'ai un style assez hybride. On sent encore mes inspirations et je suis à la recherche de mon propre style. Je cherche à avoir un trait plus sale. Comme je travaille beaucoup sur des licences, je ne peux pas me lâcher totalement sur les visages par exemple.

Tu travailles en effet beaucoup sur des licences connues comme Star Trek, Ghost Whisperer, Buffy et dernièrement Doctor Who. As-tu des retours des acteurs ou des fans ?
Elena Casagrande : En fait, quand je travaille sur des licences, je n'ai pas envie de faire du phot-montage ou du réaliste. Je cherche les mimétismes des acteurs pour qu'au premier trait ça soit identifiable. Certains ont des visages très lisses donc ce n'est pas facile. Pour les atmosphères, je regarde beaucoup le produit original pour m'en inspirer sur les lumières, les ambiances, les manières dont on passe d'une scène à l'autre pour le découpage.

Parmi tous les titres sur lesquels tu as travaillé, sur lequel t'es-tu sentie la plus à l'aise ?
Elena Casagrande : J'ai adoré travailler sur Angel, je suis fan de la série. J'ai aimé travailler sur chaque titre car j'aimais à la base ces séries télé. C'était assez facile. J'ai aimé travailler sur X-Files, même si cela n'a duré que deux épisodes et en ce moment je m'éclate sur Doctor Who.

Elena Casagrande


Étais-tu vraiment fan de Doctor Who et comment as-tu adapté ton trait à cet univers typiquement anglais ?
Elena Casagrande : Bien sûr, je connaissais très bien Doctor Who. Je n'ai pas modifié mon style sur la série parce que l'ambiance britannique provient surtout du grain de la pellicule. En bande dessinée, c'est assez facile à retranscrire. Et je regarde beaucoup les épisodes. Je fais très attention au mouvement du Docteur et aux environnements où l'histoire se passe pour rester dans le même imaginaire géographique et que ça colle vraiment. J'aimais énormément et je suis devenu très fan. Je suis curieuse de voir comment tourne cette série à chaque épisode.

Comment es-tu arrivée sur Doctor Who ?
Elena Casagrande : Ma première chance est d'avoir pu dessiner quelques épisodes lorsque la série était chez IDW. Lorsque Titan Comics a repris les droits, ils ont pu voir que j'étais sérieuse. Ils m'ont recontacté un an après pour savoir si j'étais si je serais intéressé pour illustrer les aventures du Docteur et plus spécifiquement du Dixième. Ce qui est génial, c'est que les scénario sont très bons et je m'éclate vraiment dessus. Je suis totalement comblé.

Est-ce difficile de designer David Tennant en comic ?
Elena Casagrande : Oui, David est très expressif avec son visage. Avant de travailler sur le comic, j'ai pris plein de références et revu des épisodes pour me remémorer ses expressions. Il a un nez et des lèvres très spécifiques. J'ai essayé de le dessiner de manière plus simple et plus proche de ce qu'il est. En général, lorsque je regarde quelqu'un, mon cerveau mémorise bien son visage.

David Tennant, a t-il vu la version que tu proposes de lui ?
Elena Casagrande : Non je ne crois pas mais j'aimerais bien.

Elena Casagrande


La série Doctor Who sur le Dixième Docteur est toujours en cours. Sais-tu s'il y une fin de prévue ?
Elena Casagrande : Non, pas du tout. Je ne pense pas qu'ils ont planifié trop longtemps à l'avance. Les éditeurs essaient d'offrir les meilleurs récits et tant qu'ils le font, ils peuvent compter sur moi pour les dessiner.

Quelle est la chose la plus simple à dessiner dans Doctor Who ?
Elena Casagrande : Tout ce qui est à l'extérieur du T.A.R.D.I.S. ! À l'intérieur, il y a tellement d'éléments que l'on en oublie à chaque fois. Je suis sûr qu'il y en a même des choses cachées. Les mondes ou les aliens ou même les aspects historiques prennent du temps mais sont très plaisantes à dessiner. Les nouveaux compagnons du Docteur sont marrants à faire aussi. En accord avec Nick Abadzis, je les ai rendu un peu plus cartoony dans leur design.

La licence Doctor Who t'impose t-elle certaines limites en terme créatif ?
Elena Casagrande : Non. Peut être parce que je suis fan et que je maîtrise bien l'univers. Nick Abadzis a lui plus de contraintes. Une fois, il a écrit un épisode qu'il a du retouché car il était trop proche d'un épisode de la série télévisée.

Tu as aussi travaillé un peu chez Marvel. Est-ce que tu prévois de retravailler pour eux ou pour DC Comics ?
Elena Casagrande : Aujourd'hui, je n'ai pas de contact avec Marvel et si on m'appelait je regarderais forcément. Je suis une grande fan de Doctor Who, je suis super contente de travailler dessus et ce n'est pas dans mes pensées. En parallèle, je continue à dessiner sur Suicide Risk mais il ne faut jamais dire jamais.

Es-tu fan des super-héros et si oui lequel ?
Elena Casagrande : Batman car j'aime l'idée qu'il n'ait pas de super pouvoirs, que ce soit un homme qui se soit construit par sa propre volonté et qu'en même temps on développe la part sombre de l'Humanité avec Batman.

Elena Casagrande


Tu as illustré le dernier arc de Hack/Slash. Quel regard portes-tu sur la série ?
Elena Casagrande : Le co-créateur de Hack/Slash est Stefano Caselli. Comme il est romain et un très bon ami, je lui ai demandé quelle était sa vision du personnage. Je trouvais amusant qu'il est fait la première et moi la dernière. J'ai eu une certaine liberté sur le personnage et j'ai apprécié développer une version plus sombre que sur mes autres séries.

Tu travailles avec Mike Carey sur la série Suicide Risk qui est encore inédite en France. Peux-tu nous la présenter ?
Elena Casagrande : C'est l'histoire d'un policier dans un monde qui ressemble au notre mais qui n'est pas strictement identique au notre et dans lequel de nombreuses personnes ont des super-pouvoirs. Ce ne sont pas des super-héros mais essentiellement des super-criminels. L'histoire débute par un cambriolage qui tourne mal. Son partenaire est gravement blessé. Le policier par sentiment de devoir et de vengeance va traquer les criminels et découvrir qu'il y a un receleur de pouvoirs. Il va ensuite en acquérir pour devenir un flic avec des super-pouvoirs. Le titre Suicide Risk correspond au moment où le policier s'injecte ses pouvoirs, il prend de grands risques de le faire mais le fait de manière volontaire.

Suicide Risk est ta série la plus longue, est-ce que tu as trouvé en Mike Carey le parfait collaborateur ?
Elena Casagrande : Déjà, avancer de commencer à travailler avec lui, j'étais très fan. J'ai lu tous ses Lucifer et tout son run sur Hellblazer. Quand Boom m'a proposé de travailler avec Mike, j'ai lu très vite le scénario et j'ai accepté. La collaboration se passe bien, il aime mon dessin et c'est un immense plaisir de travailler avec lui.

Si je t'offrais le pouvoir métaphysique de visiter l'esprit d'un autre artiste pour en comprendre son génie, qui irais-tu visiter ?
Elena Casagrande : Leonard de Vinci, parce que c'est une sorte de génie pour cette période. Peintre, sculpteur, créateur... Il maîtrisait chaque art avec un talent fou. Il est fascinant. Tommy Lee Edwards, Claire Wendling, Mike Mignola ou Eduardo Risso sont des noms que je pourrais citer aussi.

Merci Elena !

Elena Casagrande