L'histoire :
Des entrailles de l'antre de la folie qu'est l'asile d'Arkham, Batman revient à la réalité tel un nouveau-né qui respire douloureusement sa première bouffée d'air. Lors de son périlleux chemin de croix le menant vers la sortie, il croise les plus fameux et dangereux pensionnaires de l'institut qui tentent de lui bloquer le passage. Mais las de ces combats futiles qu'il a déjà joué des centaines de fois, Batman en appelle désormais à la violence. Il répond à l'énigme de Nigma d'un coup de genou en pleine face, et brise des dents en remontant le courant de ce dédale qu'il connait désormais comme son manoir. De Mister Freeze en passant par l'Epouvantail ou bien encore Solomon Grundy, chacun a le droit à un passage à tabac en règle qui ne laisse dans le sillon du justicier que des corps inconscients. Avant de quitter ce lieu de démence, Batman charge vigoureusement l'imprévisible Harvey Dent de transmettre un ultime avertissement à son patron. Malgré la défiance du vilain bicéphale, il lui adresse un message limpide qui sonne comme la promesse d'une mise au point musclée envers Bane. Il a l'intention de réunir son armée autour de lui et après.... et bien après ils vont devoir "causer" tous les deux.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La série Batman Rebirth est désormais bien avancée mais il est évident que ce nouveau volume vient marquer un tournant marquant. Tom King aux manettes, accompagné de Mikel Janin son talentueux partenaire aux doigts de fées, nous a préparé une histoire qui va marquer les esprits. Nous connaissons l'intérêt manifeste du King pour les questions psychologiques inhérentes aux personnages de comics et qui ont fait de lui un scénariste désormais incontournable. Une fois de plus, le lecteur savoure sa dextérité à plonger ses mains délicates dans le cerveau et le cœur de ses héros afin d'en extirper les pires névroses. Allongés sur le divan de son imaginaire, ils dévoilent à l'auteur leurs désirs et leurs terreurs les plus profondes et ce dernier les écoute attentivement en notant le moindre détail dans son petit carnet... On retrouve à nouveau dans ce récit l'attrait de l'auteur pour les grands classiques de la littérature qu'il invoque à bon escient afin d'illuminer le récit par des métaphores délicieuses. Il arrive en outre à maintenir un équilibre constant entre des scènes d'actions intenses et des palabres de hautes volées et à aucun moment, le récit ne s'essouffle. Les chapitres sur la traversée du désert entre le père et le fils Wayne sont déjà mémorables et nous laissent présager une suite dantesque. La partie graphique est assurée en grande partie par Mikel Janin qui, comme à son habitude, nous offre un grand spectacle par son travail incroyable porté par un trait d'une grande délicatesse, des doubles pages inoubliables et ses cadrages cinématographiques. Ses dessins sont entrecoupés de pages réalisées par Jorge Fornes qui apporte quant à lui une ambiance plus polar qui passe bien. Le recueil s'achève par trois courts récits sympathiques. C'est donc un second souffle pour cette série qui nous laisse présager des aventures folles au travers de la psyché d'un des héros les plus torturés de chez DC.
