Passionné de bd en tout genre, mais aussi d'autres univers comme le jeu vidéo ou le cinéma, Emmanuel Nhieu est un véritable autodidacte. S'il a commencé dans le franco-belge, il n'a jamais oublié son amour pour le manga, ce qui se voit dans son Burning Tattoo. Qui est réellement Emmanuel ? Quel est son univers ? Eléments de réponse...
interview Manga
Emmanuel Nhieu
Peux-tu nous parler de ton parcours pré-publication (tes débuts, es-tu sorti d'une école d'art ou autodidacte) ?
Emmanuel NHIEU : Je suis totalement autodidacte, simplement passionné de bd/comics/mangas depuis tout petit et désireux de raconter mes histoires. J’ai commencé tout seul dans mon coin à imaginer des aventures inédites à mes personnages de dessins animées préférés, puis j’ai commencé à créer mes propres univers et à les partager. Les premiers pas vers la professionnalisation se sont fait lorsque je me suis inscrit à des ateliers bd au Gottferdom Studio à Aix en Provence. C’est là-bas qu’est née ma première série Nocturnes Rouges.
Emmanuel NHIEU : Des influences, j’en ai beaucoup, mais disons que j’ai été particulièrement marqué par Akira Toriyama, Katsuhiro Otomo, Joe Madureira, Scott Campbell, Humberto Ramos, Chris Bacchalo, Mike Mignola, Alice, Régis Loisel... Et puis les inspirations viennent aussi d’autres médias : le cinéma, les séries télé, les jeux vidéo. Bref, je bouffe à tous les râteliers !
Nocturnes Rouges est la série par laquelle nous t'avons découvert. Celle-ci a duré sept tomes et bénéficié en plus de deux autres tomes consacrés aux origines. Quel regard portes-tu aujourd'hui sur la série ?
Emmanuel NHIEU : J’en suis fier, même si je ne regarde jamais trop en arrière. Malgré tout, avec le recul, je pense que j’aurais dû assurer moi-même le dessin du second cycle et ne pas m’aventurer sur un spin-off. Mais ce qui est fait est fait. En tout cas je garde de la tendresse pour les personnages que je continue de dessiner en dédicaces.
Sur trois albums, tu as laissé Looky dessiner à ta place, pourquoi ?
Emmanuel NHIEU : Ca s’est fait à la demande de mon éditeur qui souhaitait que la série perdure pendant que je travaillais sur Post-Mortem Pacific.
Y a-t-il une chance pour que la série revienne ? Éventuellement sous une autre forme ?
Emmanuel NHIEU : Je ne pense pas, non. Il y aurait des choses à développer, mais je n’en ressens pas l’envie. Nocturnes Rouges Origines s’est justement fait sans trop d’envie et ça n’a pas donné quelque chose de bon. Donc, non, pas de suite à Nocturnes Rouges à l’horizon, malgré les demandes qui reviennent souvent.
Entre temps, tu as donc aussi lancé Post Mortem Pacific, un western sauce fantastique. Tu es fan de fantastique ou d'horreur ? Visiblement, de Metal aussi ! Quels sont tes indispensables ?
Emmanuel NHIEU : Fan de tout ça, en effet. Mais pour le cinéma d’horreur, je me fais vieux et je supporte de moins en moins bien les jumpscarses. Mes indispensables dans le genre ce sont les films de zombie de Romero, les Evil Dead, L’exorciste, les films de Rob Zombie, d’Elie Roth et ceux de James Wan. Le metal par contre j’headbang toujours autant sur Metallica, Machine Head, Megadeth, Opeth, Trivium, System of a down, Slipknot et j’en passe... beaucoup !
Ensuite, tu as illustré de la science-fiction avec Far Albion. Comment s'est passée la collaboration avec le scénariste Jean-Luc Sala ? Pas de tome 3 de prévu ?
Emmanuel NHIEU : C’était ma première collaboration avec un scénariste et, pour un début, je n’ai pas eu à me plaindre avec Jean-Luc, surtout sur une série SF. Malgré tout, je regrette que l’on n’ait pas davantage échangé durant l’élaboration des bouquins... qui resteront au nombre de 2, faute à des ventes trop faibles.
Après deux années de silence dans les librairies, nous t'avons revu sur Burning Tattoo. Peux-tu nous présenter la série ?
Emmanuel NHIEU : Burning Tattoo est un shônen d’aventure dans lequel on fait la connaissance de Tatau, un jeune garçon atteint de la maladie des os de verres, qui va trouver dans les tatouages magiques un remède à son mal. S’en suit une quête qui l’entraînera, lui et ses compagnons (Ink, Sun et Holo) à la poursuite d’une encre légendaire. La série comportera 3 tomes... voire un peu plus si le succès est au rendez-vous.
Depuis tes débuts, ton style est très inspiré par les mangas. En lis-tu beaucoup ?
Emmanuel NHIEU : J’en lisais pas mal au moment où ça a explosé il y a quelques années, mais j’ai énormément réduit mes lectures, tous genres confondus. J’essaie de me remettre au manga depuis Burning Tattoo, mais j’ai accusé un tel retard et il y a tellement de titres que c’est difficile de s’y retrouver.
As-tu eu du mal à adapter ta narration issue de la bd à un format aussi différent ?
Emmanuel NHIEU : Etant lecteur de manga, je savais plus ou moins comment diriger ma barque. Du coup, niveau narration, ça s’est fait assez naturellement. Par contre dans la première partie de Burning Tattoo, j’ai été assez timide sur les grandes cases et les bords perdus, mais je me rattrape doucement.
Comment est venu l'idée d'utiliser les tatouages comme générateurs de pouvoirs ?
Emmanuel NHIEU : Je cherchais quelque chose qui soit graphique, qui puisse évoluer et qui identifie parfaitement les personnages porteurs. Et au-delà de ça, le tatouage est une chose qui me fascine depuis longtemps. Du coup il y a eu corrélation.
A quoi peut-on s'attendre par la suite ?
Emmanuel NHIEU : Dès la fin du tome 1, l’univers s’ouvre et les personnages sont plongés dans l’inconnu. Le lecteur va découvrir en même temps qu’eux ce qu’il s’est passé dans ce que j’ai nommé « en-bas », c’est-à-dire sur Terre. On y découvrira de nouveaux personnages dont beaucoup possèderont des tatouages magiques. Donc encore de l’aventure, de la baston et de l’humour.
Comment décrirais-tu le style Nhieu ?
Emmanuel NHIEU : Sur Burning Tattoo c’est de l’aventure sans se prendre la tête avec des choses que je ne pouvais pas me permettre en bd, comme des persos en mode SD (Super Deformed, NDR), ou des expressions totalement exagérées. Du manga, quoi, mais sans pour autant faire du copié/collé de la production jap.
Si tu avais le pouvoir métaphysique de visiter le crâne d'un autre artiste (vivant ou mort, dessinateur ou autre), afin de comprendre son génie, ou le fond de ses pensées, ou peut-être même lui voler des techniques pour les utiliser ensuite, etc., ce serait qui et pour quelle(s) raison(s) ?
Emmanuel NHIEU : Jack Black, parce que ce mec est fou.
Merci !
Merci aux éditions Ankama
Merci à Mickaël Géreaume pour les questions
Toutes les illustrations de l'article sont © Emmanuel Nhieu