Auteur de sa première BD alors qu'il était encore à l'école, Guillaume Singelin (alias Blacky) a d'emblée conquis nombre de lecteurs avec son King David. Depuis, il a signé une seconde collaboration avec Antoine Ozanam sur Pills et quelques projets plus confidentiels. Le voici qui revient sur la nouvelle série conceptuelle d'Ankama, DoggyBags. Il y rend un vibrant hommage aux récits « de genres », option horreur, comme Robert Rodriguez et Quentin Tarantino le font au cinéma. Le jeune auteur nous a parlé de ses projets lors du dernier festival d'Angoulême…
interview Comics
Guillaume Singelin
Bonjour Guillaume, pour commencer, pourrais-tu nous dire comment tu en es arrivé à faire de la bande dessinée ?
Guillaume Singelin : Je m'appelle Guillaume Singelin. Pour moi, c'est assez classique, j'en lis depuis tout petit. J'ai essayé de me lancer dans le dessin animé, mais cela a été un véritable fiasco. Je suis rentré dans une école de graphisme et pendant mes études, j'ai été contacté par un scénariste, Antoine Ozanam, avec qui j'ai fait ma première BD, King David, tout en poursuivant mes cours. J'en ai ensuite fait une seconde, Pills, mais suite à un stage, je suis rentré chez Ankama. Cela a été un bon plan pour rencontrer Run et monter des projets.
Justement, ton arrivée chez Ankama se fait au sein de DoggyBags...
SG : Lorsque j'ai commencé à bosser, on s'est rendu compte qu'on avait plein de points communs au niveau des films. Run m'a alors parlé de son envie de sortir une nouvelle BD. On est tombés d'accord d'emblée, vu qu'on était sur la même longueur d'onde.
Quelles sont tes influences ?
SG : J'ai une énorme influence des mangas, des auteurs comme Taiyo Matsumoto sur Number 5, et même des auteurs de BD comme De Crécy. Je m'inspire aussi énormément de films.
Si tu devais décrire ton récit de DoggyBags en quelques mots...
SG : Je pense que je voulais faire un truc sauvage, speed, sans concession. C'est une lecture qui ne te prend pas la tête et qui dégage quelque chose de sauvage.
Ton histoire Fresh flesh & hot chrome est totalement délirante et met en vedette des bikers loups garou...
SG : A l'époque, j'étais tombé sur un reportage sur les bikers et j'étais totalement fasciné par l'univers qu'il y a autour, leurs blousons en cuir, leurs patchs. J'ai commencé à mélanger ça avec des monstres. J'ai choisi le côté loup-garou, car ça marchait vraiment bien avec.
On parlait des influences cinéma pour toi, quelles sont-elles ?
SG : J'ai bien aimé les derniers Robert Rodriguez et Quentin Tarantino. Ils se font plaisir, même si cela ne vole pas très haut. Heat, Collatéral… Wes Anderson pour l'atmosphère très particulière de ses films, Takeshi Kitano qui est à la fois violent et poétique, et Zack Snyder notamment pour Watchmen.
Quels sont tes futurs projets ?
SG : Je fais une nouvelle série chez Ankama, sûrement en trois volumes, qui s'appellera The grocery. Cela racontera la vie d'un petit quartier d'une ville comme Detroit ou Baltimore, une sorte de chronique urbaine sur les dealeurs, les flics. Cela sera dans le Label 619 et qui aura des points communs avec Mutafukaz.
Comment ça se passe, du coup, avec ton directeur de collec' (Run) ?
SG : Il m'aide beaucoup. J'ai monté l'histoire de DoggyBags mais il m'a conseillé sur les dialogues. Je partage beaucoup de références avec lui.
Quelles lectures récentes t'ont marquées ?
SG : En ce moment, il y a Le Samourai bambou de Matsumoto, Pauline et les loups garou, Méta Muta de Jérémie Labsolu et aussi Scott Pilgrim. J'ai adoré Le roi des mouches de Mezzo et Pirus, ce que fait Winshluss et le Freesia de Jiro Matsumoto.
Entre King David et ton DogBags, ton style a évolué....
SG : King David a été fait alors que j'avais 18 ans et pour DoggyBags, j'ai travaillé les ambiances sombres et j'ai essayé d'avoir un graphisme plus appliqué.
Si tu pouvais collaborer avec un des auteurs favoris, qui choisirais-tu ?
SG : Je ne sais pas si j'aurais envie de travailler avec eux, même si je les adore... Quelqu'un comme De Crécy serait génial, ou alors des scénaristes comme Alan Moore.
Si tu avais la possibilité de visiter le crâne d'un autre auteur pour comprendre son art ou ses techniques, qui irais-tu visiter et pourquoi ?
SG : Ce serait sûrement Matsumoto, car dans ses dessins il y a quelque chose de très naturel, ses cadrages sont énormes, c'est super complexe. Dans ses histoires, il y a toujours quelque chose de complexe mais pas de très perché non plus.
Merci Guillaume et bon courage pour la suite !