interview Comics

Stuart Immonen

©Panini Comics édition 2012

Apparu au milieu des années 90, le canadien Stuart Immonen a immédiatement impressionné les lecteurs de comics par la qualité de son trait et la variété de son style. Il peut en effet allégrement passer d'une approche réaliste à une autre plus cartoon, en s'adaptant au type de récit. Un tel talent lui a permis de côtoyer de nombreux auteurs de renom (Warren Ellis, Brian K. Vaughan, etc.), sur des blockbusters super héroïques, ainsi qu'avec Kathryn, sa femme, avec qui il collabore régulièrement sur des projets plus personnels. Alors que l'event Fear Itself bat son plein en France, la venue du canadien (adorable !) lors du festival d'Angoulême a permis de lui poser quelques précieuses questions.

Réalisée en lien avec les albums Fear Itself T5, Fear Itself T4
Lieu de l'interview : Festival d'Angoulême

interview menée
par
6 mars 2012

Bonjour Stuart Immonen, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs ?
Stuart Immonen : Bonjour, je suis Stuart Immonen, je travaille en ce moment chez Marvel avec qui j'ai un contrat d'exclusivité depuis 2001. J'ai illustré pas mal de Spider-Man de X-Men, de Fantastic Four, les New Avengers. J'ai fait pas mal de choses au final. Avant, j'ai travaillé aussi chez DC Comics sur Superman, chez Image, Top Cow et depuis pas mal d'années maintenant.

Quelles sont tes influences ?
SI : J'ai aimé de nombreux artistes quand j'étais plus jeune, qu'ils soient dans les comics ou non. J'adorais certains illustrateurs de magazine ou même des peintres comme Manet. Je dirais que mes influences proviennent de tout ce qu'il y a autour du monde.

© Stuart Immonen - Fantastic FourTu réussis à varier ton style selon les titres...
SI : Pour moi, le plus important est de choisir une approche qui sert au mieux l'histoire. Lorsque je lis le scénario, j'imagine l'ambiance que j'essaie d'installer. Sur un récit mature, j'opte pour un style plus réaliste. Si c'est très violent, très énergique, cela fonctionne bien. Sur certaines séries plus grand public, je choisis un style plus passe-partout.

Est-ce qu'il t'arrive de revoir certains de tes anciens travaux ?
SI : Je suis très critique vis à vis de moi-même. Je ne regarde jamais ce que j'ai pu faire car je ne vois que les erreurs. Je fais du mieux que je peux et ce n'est pas si facile lorsque l'on a une deadline qui est de plus en plus courte ! Chaque mois, il faut faire un numéro et je passe entre 8 et 10 heures par page donc je n'ai pas vraiment de temps mort. Je ne me plains pas non plus car la pression passe ensuite chez l'encreur, le coloriste puis revient au scénariste. Les lecteurs ne se rendent pas compte du rythme que l'on s'impose. En général, les lecteurs apprécient mon travail mais je dirais juste que c'est pas mal et que je peux encore faire mieux.

© Stuart Immonen - Fear itself

Sur l'event Fear Itself, tu t'es retrouvé tout seul pour assurer les sept épisodes. As-tu ressenti une certaine pression ?
SI : Je ne peux pas te dire. Je ne sais pas ce qu'ont ressenti les autres dessinateurs sur les autres events. Cela a été une vraie surprise pour moi d'être choisi par Marvel. Je me suis donc retroussé les manches en me disant qu'il fallait que je sois à la hauteur.

Ce n'est pas trop difficile de devoir illustrer beaucoup de super héros sur une série comme celle-ci ?
SI : Ah oui, ça l'est ! Clairement. En même temps, l'un de mes premiers titres a été la Ligue de Justice Americaine pour DC Comics. C'était un crossover assez important qui s'appelait Final Night. Quand je suis arrivé chez Marvel, j'ai fait pas mal d'épisodes de Fantastic Four, des Avengers ou des X-Men. Ce ne sont pas les mêmes personnages et ça m'a permis de les illustrer une première fois. Sur Fear Itself, j'ai eu quelques souvenirs qui sont remontés à la surface.

Tu as souvent travaillé avec des scénaristes établis, comme Kurt Busiek, Warren Ellis ou récemment Matt Fraction. Comment cela se passe t-il lorsqu'on travaille aussi avec sa femme ? (NDLR : Kathryn Immonen est scénariste)
SI : De la meilleure des façons ! Kathryn et moi avons les mêmes inspirations, voyons les mêmes films, faisons les mêmes choses quotidiennement. Notre proximité dans notre studio de travail a permis une collaboration plus simple que par e-mail ou par téléphone. Il n'y a aucun média entre nous et les questions que l'on peut se poser sont du coup résolues plus vite. Modifier mes dessins ou le scénario est ainsi plus facile.

© Stuart Immonen - Nextwave

Quels sont tes prochains projets ?
SI : Le prochain est top secret. Je n'ai pas le droit d'en parler. J'ai fait dernièrement un épisode de Secret Avengers avec Warren Ellis et je serais sûrement sur le prochain event Marvel. Cela s'appelle Avengers vs X-Men, ça je peux te le dire vu que Marvel a communiqué dessus. Kathryn et moi allons travailler ensemble sur une partie de cet event. Nous ferons une séquence où l'un des Fantastic Four affronte Namor. C'est une baston assez classique mais cela ne se passera pas comme pas prévu. Nous avons un autre projet aussi mais je te jure que je ne peux pas t'en parler ! Je peux juste te dire que j'adore l'histoire et les personnages.

As-tu eu quelques coups de cœur récemment en BD ?
SI : Je pourrais te dire quelques titres comme ça mais honnêtement, lorsque je ne dessine pas, j'évite de lire des comics. J'en lis bien sûr mais je ne suis pas un grand lecteur. Je jette souvent un œil professionnel, ce qui gâche un peu la lecture !

Si tu avais la possibilité de visiter le crâne d'un autre auteur (pour mieux comprendre son art), qui choisirais-tu et pourquoi ?
SI : Ouah. Je pense que j'aimerais que ce soit John Singer Sargent, un illustrateur américain. Il savait tout faire et c'est un des grands maîtres pour moi. J'ai vu quelques uns de ses sketchworks et je suis toujours impressionné.

Merci Stuart !

© Stuart Immonen - Fear itself