interview Manga

Tetsuo Hara

©Asuka édition 2013

« Tu ne le sais pas encore, mais tu es déjà mort ! ». Si ces mots vous parlent, c’est que vous connaissez l’œuvre de Tetsuo Hara, Hokuto no Ken, plus connue sous le nom de Ken le survivant chez nous. La célèbre série a germé dans l’esprit de l’auteur et de son éditeur de l’époque, Nobuhiko Horie, qui a ensuite passé la main au scénariste Buronson, en 1983 ; c’est donc 30 ans après la création de ce titre que l’on a enfin pu rencontrer son auteur en France. Et en ce qui concerne les bédiens, dans des conditions aussi chaotiques que l’ambiance de la série tant il aura fallu lutter pour obtenir cet entretien maintes fois annulé et reporté ! Finalement, nous réussirons à arracher cinq minutes pour cinq questions posées en pointillés entre deux sollicitations ou salutations de l’auteur au milieu d’une galerie d’art bondée où monsieur Hara était évidemment le point d’attraction central. « Tu ne le sais pas encore », mais cette très courte interview est le fruit d’efforts considérables...

Réalisée en lien avec les albums Hokuto no Ken – Edition Simple, T1, Cyber blue T1, Keiji – 1e édition, T16
Lieu de l'interview : Galerie Usagi, Paris

interview menée
par
26 octobre 2013

Bonjour monsieur Hara. Pouvez-vous nous raconter vos débuts en tant que mangaka ?
Tetsuo Hara : J’ai commencé ma carrière de mangaka avant même d’avoir quitté le lycée, tout d’abord en tant qu’assistant pour monsieur Terasawa (Buichi Terasawa, l’auteur de Cobra, NDR), mais sa série en cours s’est arrêtée peu après, puis j’ai surtout travaillé comme assistant pour monsieur Takahashi (Yoshihiro Takahashi, auteur aux œuvres non traduites en France, NDR). Peu après, j’ai pu entamer ma propre série, Tetsu no Don Quichotte (Le Don Quichotte de fer, non traduite en France, NDR) qui parlait de motocross. Cela faisait à peine un an et demi que j’étais assistant auprès de monsieur Takahashi...



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Chapeau « nunchaku » inspiré de l’univers de Hokuto no Ken exposé dans la vitrine de la galerie Usagi à Paris


Buichi Terasawa et Yoshihiro Takahashi sont donc en quelque sorte vos deux mentors ?
Tetsuo Hara : J’ai surtout beaucoup appris auprès de monsieur Takahashi. Au début, je n’aimais pas son style de dessin mais mon éditeur a insisté pour que je reste à ce poste, et il a bien fait car on m’a ensuite confié très rapidement des tâches importantes. C’était très formateur et je suis très reconnaissant envers mon éditeur et envers monsieur Takahashi. Il y a aussi eu Kazuo Koike (scénariste entre autres de Crying Freeman, NDR) qui m’a appris beaucoup de choses sur la création des personnages. A cette époque, j’étais très jeune et je ne cherchais qu’à créer des héros cools et très forts, et c’est lui qui m’a appris à leur donner une âme.

Vous avez dit un jour avoir été très influencé par Frank Frazetta...
Tetsuo Hara : Oui bien sûr, je suis très très fan de Frank Frazetta. Quand j’étais au collège, j’étais déjà admirateur du travail de ce dessinateur. Ce n’est pas le seul dans ce genre, par exemple j’aime aussi beaucoup Boris Vallejo...


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Une tenue inspirée de l’univers de Hokuto no Ken...

Est-ce que l’image de Raoh juché sur son énorme cheval Kokuo est un hommage direct à Frank Frazetta et son Death Dealer ?
Tetsuo Hara : Oui tout à fait, c’est l’image que j’avais en tête lorsque j’ai créé Raoh sur son imposant cheval, cela est effectivement directement inspiré de la célèbre illustration du Death Dealer.

Tout le monde doit vous parler de Hokuto no Ken en France, et notamment des histoires de censures et de scandale autour de l’adaptation animée lors de sa diffusion chez nous, GalerieUsagi03 alors parlons plutôt de votre dernier projet à être paru ici. Comment êtes-vous arrivé sur le projet Bonolon - le gardien de la forêt (édité chez Nobi Nobi en France), qui est un livre pour enfant qui tranche radicalement avec votre style de récit habituel ?
Tetsuo Hara : C’est vrai qu’on me parle beaucoup de Hokuto no Ken, et on m’a parlé de ces histoires autour de la violence, ce qui m’a beaucoup étonné car cela n’est pas du tout vu de la même manière au Japon où l’on perçoit le second degré qui a peut-être dû se perdre en traduction... En ce qui concerne Bonolon, c’est très simple : j’ai eu des enfants moi-même, et je voulais un livre fait de ma main que mes enfants pourraient découvrir dès leur plus jeune âge. Il fallait donc évidemment quelque chose de plus accessible et j’en suis naturellement venu au format du livre pour enfants car les miens étaient très petits.


Merci !


Note : Suite aux annulations d'interviews au salon qui invitait Tetsuo Hara en France, l'entretien a eu lieu à la galerie Usagi, à Paris, à l'occasion de l'inauguration d'une exposition d’œuvres inspirées de l'univers de Hokuto no Ken, durant laquelle Tetsuo Hara a accepté de répondre très rapidement à quelques questions avant d’être de nouveau happé par son rôle d’invité d’honneur de la soirée...

Toutes les illustrations de l'article sont ©Tetsuo Hara
Toutes les photos de l’article sont ©Nicolas Demay