L'histoire :
Royaume de Perse, dans les temps anciens. Chirine est serveuse dans un bar. Après une rude journée de travail, elle se prélasse dans son bain lorsqu’elle se rend compte que quelqu’un la regarde par la fenêtre. Se ruant à la poursuite du mateur, la jeune fille finit par le rattraper et s’aperçoit alors qu’il s’agit d’un dew, un démon venu d’un autre monde, avant de s’évanouir. Le lendemain matin, un vagabond arrive dans le bar où Chirine est en pleurs après la rencontre de la nuit précédente. L’homme apprend alors ce qu’il s’est passé mais, tandis que tout le monde est aux petits soins pour la jeune fille, il se comporte quant à lui comme un malotru. C’est alors que quelqu’un annonce l’arrivée en ville d’un yazata - un chasseur de dew - des plus célèbres : Salib. En le rencontrant, Chirine lui demande si c’était déjà lui qui l’avait sauvée des dews lorsqu’elle était enfant et ce dernier le lui confirme. Mais le vagabond n’a pas l’air d’y croire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Yazata est le premier volume de la collection manga d’Aqua Lumina, nouvel éditeur sur le marché dont la ligne éditoriale est de publier des auteurs au style métissé, influencé par la BD asiatique. Et l’influence se voit bien ici : repompage ou hommage ? Hommage sans nul doute vu certaines références flagrantes : pour exemple, le « Gun’s and crosses » du héros ressemble trait pour trait au Reigun de Yusuke dans Yuyu Hakusho. Les graphismes, le ton du scénario et le caractère des personnages font aussi penser à du One piece ou aux travaux d’Akira Toriyama par exemple, et le caractère du héros est carrément le même que celui de Ryo Saeba de City Hunter. Le trait de l’auteur a besoin d’être affirmé et le niveau rappelle celui du fanzinat : les personnages sont raides, leurs proportions changeantes, les perspectives ne sont pas toujours réussies, le tramage est modeste, les mouvements manquent de dynamisme... Mais le niveau est suffisamment correct pour ne pas rebuter. Quant au scénario, l’intrigue est simpliste et pleine de clichés (le héros qui se fait passer pour un simple vagabond, la princesse devenue serveuse, le faux yazata qui profite du nom d’un autre pour avoir la belle vie...), et l’histoire se destine donc aux plus jeunes lecteurs, les autres y trouvant difficilement leur compte. De plus, tout se déroule bien trop vite et donne l’impression que l’auteur a voulu faire tenir trop d’idées en trop peu de pages. D’ailleurs, à peine plus de la moitié du livre est consacrée à l’histoire (histoire qui se conclue donc en seulement 3 chapitres, sans accroche pour la suite), le reste ressemblant surtout à du remplissage. Si l’histoire courte qui suit concernant le dew peut se justifier, les strips humoristiques, les crayonnés et les explications sur la réalisation d’une planche ne sont quant à eux que des bonus, censés donc se trouver en plus de l’histoire et non empiéter sur son espace comme c’est la cas ici. Idem pour le lexique des onomatopées en langue iranienne qui prend lui aussi beaucoup trop de place (17 pages avec seulement 5 termes sur chaque !) et qui donne l’impression de s’être fait avoir sur la marchandise. Néanmoins, l’utilisation de ces onomatopées est une initiative intéressante et le lexique n’est pas le moins du monde inutile, juste trop étalé. On retiendra tout de même comme points positifs le choix dépaysant de la Perse ancienne, le travail sur les onomatopées, une lecture qui se veut amusante, ainsi qu’une édition robuste, dotée d’un papier épais et d’un encrage réussi (noirs profonds, pas de bavure...). Bref, pas mal de défauts pour ce premier essai, tant au niveau du contenu que du choix éditorial de ne proposer qu’un demi-volume d’histoire, laissant ainsi le lecteur sur sa faim mais ne l’engageant pas vraiment à retenter l’aventure avec la suite. On espère que l’opus suivant fera cette fois la part belle à l’histoire et à un peu plus d’originalité.