L'histoire :
Tsuru est la fille de Yasumochi Mishima, feu souverain de l'une des plus importantes îles du sud-Ouest du Japon, à la fin de l'ère Muromachi (1392-1573). Malgré les dons naturels dont elle fait preuve pour la navigation et les arts martiaux et la grande ingéniosité qu’elle déploie en combat naval, Tsuru est considérée par ses frères et son peuple comme une gamine capricieuse qui refuse de voir où est sa vraie place. Elle va définitivement gagner leur respect en les sauvant d’une invasion de rats provoquée par un seigneur ennemi, puis partir pour la ville dans le but d’y rencontrer quelqu’un capable de la renseigner sur un mystérieux outil de navigation découvert dans un vaisseau étranger... Très charismatique, le personnage de Tsuru a réellement existé. Ce premier tome présente son monde étonnant, à travers sa famille et son peuple et fait vaciller le lecteur d’une émotion à l’autre, entre batailles navales et duels au sabre.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tsuru, princesse des mers est le second manga historique d'Hideki Mori publié en France, après le déjà remarqué Stratège. Au niveau graphique, Mori fait preuve d’une maîtrise totale de son trait très original. Les visages sont extrêmement beaux et, c’est rare, très Japonais. Quant à la narration, les termes qui viennent à l’esprit s’appliquent habituellement plus au cinéma : « mise en scène », « cadrage » et « montage », tout ici approche la perfection. Ce manga devrait enchanter les fans d’Akira Kurosawa et de ses œuvres humanistes, épiques et spirituelles, comme Sanjurô ou Ran. L’auteur se permet également une « voix off » sous forme de commentaires et de cartes. Tout en éclairant le lecteur sur une époque et une région peu connues du Japon féodal, Mori réussit à créer un véritable suspens et à susciter un profond intérêt pour ses personnages. Jamais il ne joue les profs d’histoire ni ne sombre dans le folklorique reconstitué. Tsuru est un manga original, beau et intelligent. Dans la foule des productions au dessin léger, et au contenu moins littéraire, sa publication constitue une certaine prise du risque. Souhaitons donc à cette œuvre de rencontrer tout le succès qu’elle mérite.
