L'histoire :
En l'an 2685, ou plutôt en l'an XV de l'ère Néponine (du nom du dictateur en place), une rock star déchaîne les passions, Lolita. Elle ose tenir des discours révolutionnaires, qui parlent aux jeunes et, lors d'une de ses interviews télévisées, elle prouve sa grande liberté de moeurs : elle embrasse la journaliste sur la bouche ! Chacun de ses concerts et chaque nouvel album fait un carton, elle vole la vedette aux robots stars qui diffusent la propagande aseptisée de Néponine... Cette notoriété croissante n'est officiellement pas du goût du despote, mais elle intéresse fortement la résistance. La population a sans doute besoin de ce divertissement de masse, car un virus fait des ravages dans la société. Le « Marabout », extrêmement contagieux, contamine le code génétique des êtres humains, avec des conséquences métaboliques visibles et variables. Les contaminés sont parqués dans des sanatoriums à l'extérieur de la ville, dont les accès sont scrupuleusement filtrés. Le jeune Mehdi fait partie d'une de ces communautés qui survit comme elle peut dans un de ces sordides ghettos extérieurs. En marge de son job de barman, il est le fan numéro 1 de Lolita et son rêve est de se marier avec elle ! Impulsif et idéaliste, il est un jour arrêté pour trafic d'alcool. Mais lors du contrôle d'hygiène procédurier qui s'ensuit, il découvre qu'il n'est pas vraiment contaminé par le Marabout. Il s'enfuit alors de la zone sanatorium...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Publié une première fois en 2008 par les humanoïdes associés sous le titre A Doll A, Lolita HR connaît une seconde jeunesse sous la bannière de la petite maison d'édition indépendante fondée par ses auteurs, Eidola. Le dessin dynamique de Javier Rodriguez, en noir-blanc et niveaux de gris, qui joue sur des trames de points et des lignes de fuite, utilise beaucoup de ficelles de la bande dessinée japonaise. Il n'est donc pas illogique que le format de réédition choisi soit celui du manga. D'autant que le fond du récit scénarisé par Delphine Rieu (plus connue dans un registre de sérial-coloriste), teinté d'amour, de révolutions et de beaux idéaux, s'adresse à un public plutôt adolescent. En effet, ici, dans un contexte d'anticipation sordide, une soif de liberté ambitionne de briser le carcan d'un double fléau, politique et génétique. Dans ce premier volume, on suit une double trame. D'une part, une chanteuse punk qui ose des discours et des comportements transgressifs connaît un immense succès... et on en découvre les incroyables origines. D'autre part, Mehdi, un jeune homme amoureux de la rock-star, qui se croyait contaminé par le virus Marabout, découvre son immunité et s'évade. Nul doute que le prochain opus reliera ces deux fils narratifs et que le rêve de Mehdi sera tout à la fois embrassé et déchu...