L'histoire :
Japon, à l’époque d’Edo, dans le fief du château de Hioki. Dans le village des parias, que l’on appelle aussi les « non humains », la pauvreté est de rigueur et les habitants font les travaux les plus humiliants et la mendicité pour survivre. Kamui n’est encore qu’un enfant mais il ne supporte pas qu’on se moque de lui et ses semblables : lui, il deviendra fort et pourra vivre librement sans avoir honte de sa condition. Dans le village des paysans, tout comme son père, Shôsuke est un domestique. Seulement, le jeune homme ne veut pas être un servant toute sa vie et apprend en cachette à lire et à écrire, même si c’est interdit par la loi. Quant à Ryûnoshin, le fils du conseiller du seigneur, il apprend à manier le sabre dans un dojo où son talent le désigne comme futur successeur du maître. Hélas, le fils de l’inspecteur du fief convoite lui aussi la place... Que ce soit Kamui, Shôsuke ou Ryûnoshin, chacun de ces garçons va devoir se battre pour tenter de vivre son rêve, mais la société dans laquelle ils évoluent ne le leur permet pas...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Sabu & Ichi, c’est au tour de cet autre manga culte au Japon de sortir sous forme de gros pavé (presque 1500 pages tout de même, un format qui peut être rédhibitoire, surtout quand on voit la finesse du papier) : Kamui-den, une saga se déroulant dans le Japon féodal. On y suit en effet la vie de trois personnages principaux (de la toute petite enfance à l’adolescence pour ce premier volume) qui, ne supportant pas leurs conditions de vie, vont chacun se battre à leur manière : Kamui veut devenir fort pour vivre librement et dignement, Shôsuke ne veut pas passer sa vie à être un domestique et aimerait avoir de l’éducation, et Ryûnoshin veut vivre selon le code du bushido mais il va être victime de conflits politiques... Au-delà de ces trois portraits, on découvre surtout une société très hiérarchisée et qui suit des règles aussi strictes que terribles : les parias ne sont pas considérés comme des humains, les paysans n’ont pas le droit d’apprendre à lire et écrire, les seigneurs ne pensent qu’à s’enrichir et acquérir plus de pouvoir... D’ailleurs, c’est là le cœur de l’intrigue car le mangaka voulait à travers cette épopée dénoncer les injustices et les inégalités sociales à cette époque d’Edô. Certains passages sont un peu redondants et on nous explique parfois plusieurs fois la même chose mais, dans la globalité, les rouages du système ainsi que des notions d’agriculture nous sont expliquées de manière simple et s’avèrent donc intéressantes. Si on apprend donc effectivement beaucoup de choses sur le système féodal nippon et ses travers, il faut néanmoins reconnaître que la narration est quant à elle plus difficile à absorber : une très longue introduction de l’aveu même de l’auteur (le passage du loup blanc par exemple où il dit s’être attardé), des rebondissements parfois exagérés (mention spéciale pour le coup du héros qui n’est pas mort car il avait en fait un frère jumeau dont on n’a jamais entendu parler auparavant, qui avait le même prénom et qui s’est fait tuer à sa place...), des personnages très stéréotypés et un peu trop extrêmes dans leurs attitudes... Quant aux graphismes, il y a là aussi du bon et du moins bon. Pour les aspects positifs, on notera qu’ils font preuve de dynamisme et l’occupation de l’espace est bien gérée, sans oublier l’expressivité des personnages. En revanche, le trait n’est pas toujours soigné et on ne note pas la même qualité d’une case à l’autre, les scènes d’action n’étant par ailleurs pas toujours lisibles. Souvent, des paragraphes viennent marquer une pause dans le récit pour nous fournir des explications : si celles-ci sont souvent utiles pour faciliter la compréhension des situations (notamment les règles des classes sociales et leurs coutumes), certaines sont franchement dispensables (par exemple, nous expliquer que les loups aiment manger des biches). Au final, malgré quelques lenteurs, ce titre reste tout de même intéressant à découvrir, ne serait-ce que pour en apprendre plus sur le Japon. A essayer.