L'histoire :
Ayant donné naissance à trois filles, le shôgun a assuré sa descendance. Néanmoins, l’aînée, Ieshige, se distingue pour de mauvaises raisons : elle ne sait pas parler avec une bonne élocution, ne sait pas se tenir et manque de grâce. Sa sœur cadette est exactement l’inverse, ce qui fait jaser les domestiques. S’inquiétant de cela, la conseillère du shôgun s’est même permise de suggérer qu’il faudrait déshériter Ieshige pour cause de maladie afin que la cadette puisse prétendre au trône : le fait qu’elle n’a pas été punie pour cela prouve bien que le shôgun a conscience de la situation. Lorsqu’Otatsu est désignée pour être servante d’Ieshige, elle voit d’abord cela comme une punition, d’autant que la princesse est méchante, portée sur l’alcool et le sexe. Pourtant, Otatsu ne va pas tarder à réaliser que sa maîtresse n’est pas aussi bête qu’elle en a l’air...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On avait deviné à la fin du volume précèdent que la princesse héritière serait au premier plan de cet opus. C’est le cas durant tout le premier tiers car la demoiselle ne correspond pas du tout aux attentes des membres du palais : particulièrement moche, apparemment mentalement retardée et physiquement infirme, Ieshige n’a rien pour elle. A l’instar des autres, on se prend à la détester mais, au fur et à mesure que l’on apprend à la connaître, on a le droit à un portrait triste et pour lequel on se met à éprouver de la compassion. Le scénario se montre donc toujours à la hauteur et la suite n’est pas en reste. Ainsi, on suit le concubin officiel d’Ieshige et un cuisinier : n’ayant de prime abord rien en commun, les deux hommes vont nouer une relation particulière qui s’avère aussi singulière que passionnante en plus de montrer d’autres aspects de la vie à l’époque. Enfin, la variole du tengu (la maladie à l’origine du manque d’hommes dans le pays) est remise en avant car la nécessité de trouver un remède devient plus que nécessaire avec l’ouverture du commerce avec les hollandais. Là, les surprises sont au rendez-vous et cela annonce déjà du changement pour la suite. Dans les trois cas, les personnages comme l’histoire du pays sont absolument passionnants, et on est complètement transporté au palais aux côtés de ses résidents : impossible de ne pas être pris par le récit qui demeure original, mature, surprenant et palpitant. Le volume devant succéder à celui-ci va avoir la lourde tâche de faire au moins aussi bien !