L'histoire :
Lorsqu'il tourne les premières pages du journal rédigé par Habu Jôji lors de son expédition dans les Grandes Jorasses, le photographe Fukamachi ignore encore qu'il décrit un abîme de solitude et de souffrance. La lecture de ce témoignage poignant de l'alpiniste scelle définitivement la volonté du photographe de le comprendre. Pour retrouver sa trace, il part à la recherche de tous ceux qui pourraient avoir été en contact avec lui au cours des dernières années, lors de ses expéditions dans les Alpes et l'Himalaya. Le nom de Hase Tsuneo, autre grimpeur émérite, qui semble avoir joué un rôle plus que secondaire dans la vie de Habu Joji, revient constamment ; et les premiers traits d'une relation complexe, d'estime, d'admiration et de rivalité mutuelles, se dessinent. Fukamachi réalise petit à petit que la quête de l’alpiniste fait écho à sa volonté de reprendre le contrôle de sa propre existence ; le retrouver lui permettra-t-il de renouer enfin avec un passé qu’il préférerait parfois avoir oublié ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce tome, les personnalités des deux personnages centraux s’affinent. Curieux personnage que Jôji, qui souhaiterait paraître à tous comme un individu au caractère trempé, opiniâtre, résolu, cherchant à repousser sans répit ses propres limites. Il veut ainsi prouver qu’il a les qualités physiques, techniques, et morales d’un alpiniste de grande classe. Fukamachi symbolise l'homme du 21ème siècle, désemparé face à sa propre vie. En tentant de retrouver Jôji, il donne à sa quête une dimension d’introspection, en découvrant combien l’alpiniste, qui le fascine, lui est semblable à bien des égards. Rarement la montagne aura été illustrée avec autant de précision que sous la plume de Jirô Taniguchi. Les paysages, plus qu’une simple représentation graphique, exaltent le récit par leur beauté ; à tel point que l’on imagine sans aucune peine quantité d’histoires ayant pu s’y dérouler. Les massifs montagneux dévoilés au fil des planches sont impressionnants d'éternité. Les personnages ne sont malheureusement pas dessinés avec autant d'originalité. Souvent représentés le visage lisse, les traits génériques, il est parfois difficile de les indentifier. Cette conformité tranche avec la représentation très personnelle de la nature, et l’on se prend à se substituer ses propres héros à ceux du récit. Cela ne gâte toutefois pas l'harmonie du dessin, la puissance du récit, qui font de ce second tome la digne suite du premier.