L'histoire :
Kuro est une mystérieuse voyageuse vêtue de noir et qui transporte un cercueil qui doit semble-t-il devenir sa dernière demeure au terme de son chemin. En attendant, la boîte contient une ribambelle de chauves-souris dont l’une, Sen, se balade souvent dehors aux côtés de Kuro pour discuter avec elle. D’une rencontre à l’autre, Kuro traverse le monde dans un but qu’elle seule connaît. Enfin, peut-être... Tout ceux qui la rencontrent, quand ils ne la prennent pas tout simplement pour un vampire, ont bien du mal à en apprendre plus sur la voyageuse. Peu loquace et habituée à être seule sur les routes depuis de longues années, elle n’est pas non plus très sociable. Un jour, Kuro découvre dans une demeure abandonnée deux enfants étranges, Nijuku et Sanju, des sœurs jumelles créées par un scientifique désormais mort. Les enfants ont la particularité de pouvoir se transformer de diverses façons : rapetisser, changer de couleur... Elles peuvent aussi changer les couleurs des choses qu’elles touchent, mais pas celle de Kuro, dont le noir semble absolu. Kuro, désormais affublée par la force des choses des deux enfants qui ne sont jamais sorties de leur prison, continue son chemin...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà un titre assez particulier. Partant d’un synopsis simple et classique - une mystérieuse voyageuse parcourt le monde et fait diverses rencontres, vit diverses aventures -, cette histoire d’une itinérante verse en réalité dans l’étrange et le fantastique (Kuro souffre d’une sorte de malédiction qui semble motiver son voyage, voyage qui doit apparemment s’achever de manière funeste vu qu’elle transporte à l’avance son cercueil). L’ambiance est assez posée, laissant beaucoup de place aux rencontres, aux dialogues, et peu à l’action. Le scénario intrigue, prend son temps, mais le hic est que, pour le moment, il n’avance pas vraiment. S’il avait s’agit d’un simple carnet de route d’une itinérante, cela n’aurait pas gêné outre mesure, mais le fait est que l’auteur a mis en place divers mystères qu’il évoque en toile de fond tout au long des chapitres tout en nous laissant sur notre faim. Peut-être la suite développera-t-elle cet aspect ? En attendant, ce premier opus déstabilise autant qu’il intrigue et ce constat est également valable d’un point de vue graphique : loin d’un format habituel, ces aventures proposent un découpage de type yonkoma (soit des strips de 4 cases carrées alignées de haut en bas), 2 par planches à quelques rares exceptions près, et il faut bien avouer que cette restriction visuelle ne joue pas en faveur du dynamisme (mais l’auteur se rattrape assez bien grâce aux plans choisis). Autre point important : de nombreuses planches couleurs parsèment ce volume et, tout comme les graphismes noir et blanc sont disposés sur des pages noires qui font résonner l’écho du sombre destin de Kuro (d’ailleurs, son nom lui-même signifie « noir »), les couleurs choisies ont un aspect pastel un peu terni qui, même dans les moments les plus joyeux, gardent donc un côté un peu inquiétant. Le trait du mangaka a quant à lui un rendu global qui tend vers le SD (Super Deformed), donnant un côté mignon aux personnages et aux décors, ce qui tranche fondamentalement avec l’ambiance générale. Bref, voilà une œuvre intéressante mais dont la narration et les graphismes ne plairont pas à tous ; en tout cas, arrivé à la fin de ce volume 1, il serait tout de même étonnant que vous ne soyez pas tenté d’en lire la suite.