L'histoire :
Ernst, le chef des rebelles, a été arrêté par le seigneur pour trahison. Au moment d’être exécuté, l’homme demande à être décapité avec l’honneur qui lui est dû, c’est-à-dire à l’épée. Seulement, sa requête n’est même pas considérée : Ernst est agenouillé de force avant qu’un des bourreaux ne pose la lame d’une hache sur sa nuque et qu’un autre n’abatte une masse sur la lame pour trancher la tête du malheureux. Liese, la fille d’Ernst, n’a pas été capturée mais le seigneur a lancé un avis de recherche contre elle : il tient à la tuer rapidement pour montrer ce qu’il en coûte de se rebeller. Pendant ce temps-là, la demoiselle a pris la fuite avec l’un des fidèles chevaliers de son père, Georg. Ce dernier est prêt à tout pour aider la jeune fille à fuir mais ils doivent passer par le col de Saint-Gothard : escalader la montagne n’étant pas envisageable, ils vont donc devoir tenter de franchir la terrible forteresse de Wolfsmund sans que Liese ne se fasse repérer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ancien assistant de Kentaro Miura sur Berserk, Mitsushisa Kuji reste dans le genre de la dark fantasy mais avec un scénario à l’approche beaucoup plus réaliste. Se déroulant dans les Alpes à la fin du Moyen-âge, l’histoire nous propose de suivre plusieurs personnes qui tente de franchir la forteresse qui bloque le passage d’un col et qui est surnommée Wolfsmund (« la gueule du loup » en allemand). N’ayant pour l’instant pas d’intrigue générale, ce premier volume est donc une introduction et on y découvre 3 équipes qui tentent de franchir Wolfsmund pour diverses raisons, ce qui est l’occasion de se familiariser avec l’univers du récit et de réaliser à quel point le dirigeant de la forteresse est impitoyable. En effet, les exécutions ne traînent pas et il vaut donc mieux éviter de s’attacher aux personnages. Toutefois, cette immersion est très prenante, tant par sa cruelle réalité que par le suspense qui s’en dégage, le rendu général étant très accrocheur. Pour ce qui est des graphismes, le trait est là aussi relativement réaliste et mature, à la croisée des styles de Hidenori Hara (Regatta) et de Makoto Yukimura (Vinland Saga). Les détails des personnages et des décors ne manquent pas à l’appel même si on regrette que les visuels de roche ou de montagne soient constitués d’éléments très simplifiés et qui donnent parfois l’impression que la roche est « design », ce qui tranche un peu avec le style réaliste du reste. De plus, le dynamisme est généralisé et le tramage joue parfaitement avec les nuances. On notera tout de même un second petit bémol sur les plans larges qui semblent bénéficier d’une attention plus légère. En tout cas, cela ne gâche pas le plaisir de la lecture qui donne une très forte envie de lire la suite !
